• Petit aperçu des 21 conciles œcuméniques de l'Eglise catholique

    1. Les conciles œcuméniques

    Les conciles œcuméniques (du grec oikouménê « univers », « terre habitée ») réunissent les évêques du monde entier pour arbitrer des questions relatives à la doctrine ou à la discipline ; ils obéissent à un ordre du jour précis.

    Alors que l’Église catholique romaine se fonde sur les 21 conciles jalonnant l’histoire du christianisme, l’Église orthodoxe ne considère comme œcuméniques que les conciles généraux antérieurs à celui de Constantinople IV ; les anglicans et les protestants reconnaissent seulement les 4 premiers.

    1.1 Concile de Nicée  


    Le concile de Nicée I, convoqué le 20 mai 325 et présidé par l’empereur Constantin est le premier concile œcuménique. Il se déroule du 19 juin au 25 août 325.

    Dans le débat dogmatique, le rôle le plus important est joué par l’évêque occidental Hosius de Cordoue. Le concile condamne Arius et affirme que le Fils de Dieu est consubstantiel au Père. Saint Athanase (v. 295-373) s’oppose à Arius par la doctrine homoousienne (de homoousios « consubstantiel ») et précise « Le Père étant la source, le Fils est appelé le fleuve, il est dit que nous buvons l’Esprit »

    Les 318 pères adoptent le fameux symbole : « Je crois en un seul Dieu, Père tout-puissant, créateur de toutes les choses visibles et invisibles, et en un seul Seigneur Jésus-Christ, Fils unique de Dieu, né du Père, c’est-à-dire de la substance (ousia) du Père, Dieu de Dieu, lumière de lumière, vrai Dieu de vrai Dieu, engendré et non fait, consubstantiel (homoousios) à son Père, par qui tout a été fait, aussi bien ce qui est au ciel que ce qui est sur la terre ; qui est descendu du ciel pour l’amour de nous et pour notre salut ; qui s’est incarné ; qui s’est fait homme, a souffert et est ressuscité le troisième jour, est monté aux cieux et viendra pour juger les vivants et les morts ; et en l’Esprit saint. » « Mais ceux qui disent qu’il y eut un temps où il (le Fils) n’était pas, qu’avant de naître, il n’était pas et qu’il a été créé du néant, ou qui disent qu’il est d’une autre substance [hypostasis] ou d’une autre essence [ousia], ou que le Fils de Dieu est soumis au changement ou à l’altération, l’Église catholique et apostolique les frappe d’anathème. »

    Un symbole plus tardif, appelé couramment et de manière erronée symbole de Nicée ou symbole de Nicée-Constantinople, s’appuie sur un symbole datant du IVe siècle, véritable credo de Jérusalem, instauré sous l’influence de l’évêque de Jérusalem, saint Cyrille (+ 387), dans le même sens que celui de Nicée. Ce symbole est contenu dans l’Ancoratus de l’évêque de Salamine, saint Epiphane (+ 496), et est considéré comme œcuménique par les confessions orientales et latines ainsi que par la majorité des Églises réformées.

    Le concile proclame : « Entendons que sur l’autel se trouve l’agneau de Dieu qui efface les péchés du monde, et qui est immolé par les prêtres d’une manière non sanglante ; et, recevant son corps et son sang précieux, croyons que ce sont là les symboles de notre rédemption. ».

    Elien, qui a dit que « le Verbe est entré par l’oreille de Marie », est condamné.
    L’accès du sacerdoce est interdit aux eunuques.
    La date de Pâques est fixée au dimanche, à un jour distinct de la fête juive.

    1.2 Concile de Constantinople I  


    Le concile de Constantinople I, deuxième concile œcuménique (bien qu’aucun évêque latin n’y soit convoqué ni présent) qui se déroule de mai au 30 juillet 381, confirme celui de Nicée et définit la divinité de l’Esprit-Saint qui, avec le Père et le Fils, forment la Trinité :

    « Nous croyons en un Dieu, Père tout-puissant, créateur du ciel et de la terre, de toutes les choses visibles et invisibles ; et en un Seigneur Jésus-Christ, le Fils unique de Dieu, engendré du Père avant tous les siècles, lumière de lumière, vrai Dieu de vrai Dieu, engendré, non créé, consubstantiel [homoousios] au Père, par qui tout a été fait ; qui pour nous, les hommes, et pour notre salut, est descendu des cieux, par le Saint Esprit s’est incarné de la Vierge Marie, et s’est fait homme ; il a été crucifié pour nous sous Ponce Pilate ; a souffert ; a été enseveli, est ressuscité le troisième jour, selon les Écritures, est monté aux cieux ; il siège à la droite du Père et il reviendra en gloire juger les vivants et les morts ; son règne n’aura pas de fin ; et en l’Esprit Saint, le Seigneur, qui vivifie, qui procède du Père et qui avec le Père et le Fils est conjointement adoré et glorifié. Et en une seule Église sainte, catholique et apostolique. Nous confessons un baptême pour la rémission des péchés. Nous attendons la résurrection des morts et la vie du siècle à venir. Amen. »

    Une lettre dogmatique, contenant une exposition de la foi sur la Trinité et sur l’Incarnation, est envoyée aux Occidentaux qui tiennent concile à Rome, par les Pères conciliaires.

    Le 3ème canon donne à l’Église de Constantinople le premier rang d’honneur après celle de Rome, parce que Constantinople est la nouvelle Rome.

    Les macédoniens (ou pneumatomaques) que l’empereur Théodose a fait venir à Constantinople, dans l’espoir de les faire rentrer dans le giron de l’Église, déclarent qu’ils préfèrent confesser la doctrine des ariens que d’embrasser la consubstantialité et quittent le concile qui les anathémise comme hérétiques.

    Le concile condamne aussi les hérésies des eunoméens ou anoméens, des sabelliens, des marcelliens (la formule « et son règne n’aura pas de fin » est incluse dans le Credo en opposition à la doctrine de Marcel d’Ancyre [+ vers 374] selon laquelle le Fils de Dieu avait commencé d’exister à partir de sa naissance humaine et que son règne cesserait avec la fin du monde), des photiniens (Photin, ancien évêque de Sirmium (Illyrie), disciple de Marcel, nie la Trinité et prétend que Jésus-Christ était simplement un homme) et des apollinaristes.

    Le 4ème canon porte que Maxime le Cynique (de Constantinople) n’a jamais été et n’est point évêque ; que ceux qu’il a ordonnés, en quelque rang du clergé que ce soit, n’y doivent point être comptés ; et que tout ce qui a été fait ou pour lui ou par lui est sans effet.

    7ème canon : « Les ariens, les macédoniens, les novatiens qui se nomment eux-mêmes cathares ou aristhères, les sabbatiens (novatiens du prêtre Sabbace qui célèbrent la Pâque selon les Juifs), les quartodécimans (parce qu’ils observent la Pâque, comme les Juifs, le quatorzième jour de la lune) et les apollinaristes, sont reçus en donnant un acte d’abjuration, et en renonçant à toute hérésie. On leur donne premièrement le sceau ou l’onction du saint chrême au front, aux yeux, aux narines, à la bouche et aux oreilles ; et en faisant cette onction, on dit : « Le sceau du don du Saint-Esprit ». Mais pour les eunoméens, qui sont baptisés par une seule immersion, les montanistes ou phrygiens, les sabelliens et les autres hérétiques, principalement ceux qui viennent de Galatie, nous les recevons comme des païens. Le premier jour nous les faisons chrétiens, le second catéchumènes ; le troisième nous les exorcisons, après leur avoir soufflé trois fois sur le visage et sur les oreilles. Ainsi nous les instruisons, nous les tenons longtemps dans l’Église à écouter les Écritures ; et enfin nous les baptisons. »

    Cyrille est finalement reconnu comme évêque légitime de Jérusalem par le concile.

    1.3 Concile d’Ephèse  


    7 juin 431 : jour de la Pentecôte, ouverture théorique du concile d’Ephèse, troisième concile œcuménique, convoqué le 19 novembre 430 par Théodose II pour résoudre la controverse suscitée par la doctrine hérétique du nestorianisme.

    Le 19 juin, Nestorius lance : « Pour moi, je ne saurais dire qu’un enfant de deux ou trois mois soit Dieu, ni me résoudre à adorer un enfant nourri de lait, ni à donner le nom de Dieu à celui qui s’est enfui en Égypte. ». Lundi 22 juin : ouverture réelle du concile, première session. Avant même que les évêques retardataires de Syrie, d’Italie et de Sicile n’arrivent, le concile, dirigé par Cyrille, excommunie Nestorius (qui a refusé de comparaître) : « Le saint concile assemblé par la grâce de Dieu et l’ordonnance de nos très pieux empereurs, à Nestorius, nouveau Judas : Sache que pour tes dogmes impies et ta désobéissance aux canons, tu as été déposé par le saint concile, suivant les lois de l’Église, et déclaré exclu de tous degrés ecclésiastiques, le vingt-deuxième jour du présent mois de juin. »

    Samedi 27 juin : dès leur arrivée, Jean d’Antioche et les évêques syriens s’élèvent contre la décision irrégulière prise en leur absence le 22. Finalement, le concile déclare Cyrille et Memnon déposés de leur dignité, comme auteurs du trouble et à cause du sens hérétique des anathématismes de Cyrille, et excommunient les évêques du même parti qui sont roués de coups.

    29 juin : Théodose écrit au concile pour témoigner son mécontentement, déclare qu’il « ne veut pas qu’on ait aucun égard à ce qui s’est fait jusqu’alors et ordonne qu’aucun évêque ne sorte d’Éphèse jusqu’à ce que les dogmes de la religion soient examinés par tout le concile ». 10 juillet : quand arrivent les légats du pape, Arcadius, Projectus et Philippe, que les tempêtes et divers autres accidents ont retardés, le concile se réunit de nouveau, les légats prennent connaissance des procès-verbaux de la séance du 22 juin et donne lecture d’une lettre du pape qui écrit avoir envoyé ses trois légats « pour faire exécuter ce qu’il a ordonné l’année précédente dans le concile de Rome. »

    11 juillet : les légats demandent lecture des actes du 22 juin, le concile confirme la condamnation et la déposition de Nestorius.
    17 juillet : excommunication de Jean d’Antioche et de ses partisans.
    22 juillet : le concile anathématise « tous ceux qui diraient qu’il y a eu un temps où le Fils de Dieu n’était point, et qu’il est fait de rien ou de quelque substance créée ».
    31 juillet : dernière session.

    Le concile dit qu’il est hérétique de croire qu’il y aura sur terre un millenium, une période heureuse de 1000 ans : désormais l’Église insistera sur la parousie, le Jugement dernier, le millenium céleste.

    Marie est proclamée « Mère de Dieu ».

    Début août, arrive à Éphèse, envoyé par Théodose, le comte Jean, porteur d’une lettre de l’empereur qui dépose Nestorius, Cyrille et Memnon (lesquels sont mis en état d’arrestation), dissout le concile et renvoie les évêques chez eux. Cyrille et Memnon restent déchus de l’épiscopat (Cyrille cependant est rentré à Alexandrie). Nestorius, remplacé sur le siège de Constantinople par Maximien et relégué dans son monastère d’Antioche, est finalement envoyé en exil, d’abord en Arabie, puis en Libye où il meurt en 451.

    Canons du concile :

    « Le métropolitain qui abandonne ce saint et œcuménique concile, pour entrer dans l’assemblée des apostats ou qui y entrera à l’avenir ; ou celui qui a partagé les opinions de Célestius (le pélagien) ou les partagera à l’avenir, celui-là perd toute juridiction sur les évêques de la province, et est déjà exclu de toute communion et déclaré suspens par le concile. » (1er canon)

    « Si certains clercs apostasient et osent prendre parti, secrètement ou publiquement, pour Nestorius, ils sont eux aussi déposés par ce saint concile. » (4ème canon)

    « Le saint concile a décidé qu’il ne sera pas permis de produire en public, d’écrire ou de composer un symbole de foi autre que celui défini par les saints pères réunis à Nicée sous la conduite du saint Esprit. Ceux qui oseront composer un autre symbole, le répandre, ou le présenter à ceux qui veulent se convertir et reconnaître la vérité, venant du paganisme, du judaïsme ou de n’importe quelle hérésie, ceux-là, s’ils sont évêques ou clercs, seront dépouillés, les évêques de l’épiscopat et les clercs de la cléricature; s’il sont laïcs, ils seront anathématisés. De même, si des évêques, des clercs ou des laïcs étaient convaincus d’admettre ou d’enseigner la doctrine contenue dans l’exposé du prêtre Charisius, au sujet de l’incarnation du Fils unique de Dieu, ou bien encore les enseignements impurs et pervers de Nestorius qui y sont adjoints, qu’ils tombent sous le coup de la sentence de ce saint et œcuménique concile, c. à d. que le évêque soit dépouillé de son épiscopat et soit déposé, et le clerc pareillement soit déchu de la cléricature, et si c’est un laïc, qu’il soit anathématisé, comme il a été dit plus haut. » (7ème canon).

    1.4 Concile de Chalcédoine  


    Le concile de Chalcédoine, quatrième concile œcuménique (630 pères, 16 sessions), est réuni du 8 octobre au 1er novembre 451, par l’empereur d’Orient Marcien, en accord avec le pape Léon Ier, pour annuler les décisions du synode d’Ephèse et mettre un terme à la controverse eutychienne.

    Dioscore d’Alexandrie est déposé et relégué à Gangres en Paphlagonie. Théodoret et Ibas sont réhabilités.

    Le concile renouvelle la condamnation du nestorianisme (selon lequel il existe deux personnes dans le Christ) et affirme la double nature (humaine et divine) de Jésus, homme et Fils de Dieu.

    Il rejette l’eutychianisme également appelé monophysisme, selon lequel Jésus-Christ n’aurait possédé qu’une seule nature, divine, et n’aurait pas de nature humaine et le docétisme, doctrine selon laquelle le Christ, au cours de sa vie terrestre, n’avait pas un corps réel mais seulement un corps apparent, comme celui d’un fantôme. 
    Le concile définit l’incarnation comme « deux natures, une personne », formule devenue classique dans l’orthodoxie chrétienne. Cette définition est fondée sur la formulation du pape Léon dans son Tome à Flavien, évêque de Constantinople, et les lettres synodales de saint Cyril d’Alexandrie à Nestor. Le Christ est une personne, mais il possède deux natures (humaine et divine) unies entre elles « sans confusion ni changement, sans division ni séparation ». Les propriétés de chacune de ces natures restent sauves, mais appartiennent à une seule personne ou hypostase. Probablement pour des problèmes de traductions mais surtout pour des raisons politiques, les Églises copte, éthiopienne, syrienne et arménienne, qui refusent la mainmise du Patriarcat de Constantinople, n’acceptent finalement pas cette définition.

    Le concile promulgue 28 canons régissant la discipline et la hiérarchie ecclésiastique ainsi que la conduite cléricale. Le concile décrète notamment que « Ceux qui sont entrés dans la cléricature ou qui se sont faits moines, ne doivent plus prendre du service dans l’armée ou accepter une charge civile ; sinon ceux qui ont osé le faire et ne s’en repentent pas de manière à revenir à ce qu’ils avaient auparavant choisi pour l’amour de Dieu doivent être anathématisés. » (7ème canon)

    Tous les canons sont acceptés par l’Église occidentale, sauf le vingt-huitième, auquel s’oppose le pape Léon, car il accorde à Constantinople des privilèges égaux à ceux de Rome, puisqu’elle est « honorée de la présence de l’empereur et du sénat et jouit des mêmes privilèges que l’ancienne ville impériale ».

    Alexandrie se considère comme la première Église de la chrétienté et son patriarche prend le titre de pape des Coptes.
    Le schisme de 451 est à l’origine de la fondation des Églises « non-chalcédoniennes » :

    - l’Église apostolique arménienne (liturgie en arménien),
    - l’Église syriaque (ou syrienne) orthodoxe (Syrie, Liban, Turquie, Israël, Inde, diaspora ; liturgie en syriaque),
    - l’Église malankare orthodoxe syrienne ou Église syro-malankar orthodoxe (Inde : Kerala),
    - l’Église copte orthodoxe : patriarcat d’Alexandrie, Église orthodoxe d’Erythrée, diaspora (liturgie en copte et en arabe)
    - l’Église éthiopienne orthodoxe ou Église abyssinienne d’Éthiopie (Ethiopie, liturgie en guèze et en amharique)
    - l’Église assyrienne de l’Orient ou Église syrienne occidentale ou encore Église jacobite [parce que organisée par Jacob Baradaï ou Jacques Baradée de Tella (500-578)] : Inde, Liban, Irak, diaspora.

    1.5 Concile de Constantinople II  


    Le deuxième concile de Constantinople, 5ème concile œcuménique, est réuni sur ordre de Justinien du 4 mai au 2 juin 553. Il est ouvert en l’absence du pape Vigile qui, retenu dans la ville, refuse d’y prendre part ainsi que la grande majorité des évêques d’Occident : Vigile est exilé par l’empereur dans une île de la mer de Marmara.

    Le concile compte 150 évêques, tous orientaux, à l’exception de 6 Africains.

    Il réaffirme la double nature dans l’unique personne du Christ (à la fois homme et Dieu), condamne les thèses nestoriennes et origénistes (l’idée d’un salut final de Satan est tenue pour hérétique et condamnée, car Satan n’a pas été rejeté par Dieu : il s’est au contraire séparé de lui ; Dieu ne peut pardonner à qui ne demande pas le pardon). Le concile anathématise les noms d’Origène et d’Evagre le Pontique : « Si quelqu’un dit que les Vertus célestes, tous les hommes, le diable, les Puissances du mal seront unis pareillement au Dieu Verbe et de la même manière que Christ, qu’il soit anathème. » Il condamne également chez Didyme l’Aveugle, certaines doctrines origénistes qu’il professait : préexistence des âmes et « restauration » finale de tous les êtres, y compris les anges déchus et les pécheurs, dans leur condition originelle de purs esprits. Voir « L’origénisme ».

    Vigile adresse à l’empereur son Constitutum (14 mai), qui condamne à nouveau le nestorianisme, frappe d’anathème les écrits de Théodore de Mopsueste, mais refuse d’anathématiser Théodoret et Ibas (il explique que ces deux évêques ayant été reconnus orthodoxes par le concile de Chalcédoine, il n’est pas permis d’imprimer une flétrissure à leur mémoire, et qu’il suffit de condamner en général les écrits et les propositions favorables aux nestoriens ou aux eutychéens, sans toutefois condamner nommément des évêques morts dans la communion de l’Église) et interdit d’enseigner, au sujet des Trois Chapitres, quoi que ce soit de contraire à ce Constitutum (Les Trois Chapitres sont trois groupes de textes : les écrits de Théodore de Mopsueste, les anathématismes que Théodoret de Cyr a opposés à ceux de saint Cyrille et la lettre à Maris attribuée à Ibas d’Édesse).

    Vigile est déposé le 26 mai, sans être excommunié toutefois, et Justinien demande au concile de rayer des diptyques (listes, lues à la liturgie, des évêques avec lesquels on est en communion) le nom du pape, tout en prétendant rester en communion avec le Siège apostolique : subtile distinction entre le Siège et celui qui l’occupe « inter Sedem et sedentem ».

    Le 2 juin, le concile conclut par 14 anathématismes contre les nestoriens et les eutychéens, reproduisant une profession de foi publiée par Justinien en 551 et reprenant la doctrine des conciles d’Éphèse et de Chalcédoine, mais condamnant expressément les Trois Chapitres, ainsi que les « impiétés » de Théodore de Mopsueste, Théodoret et Ibas :

    1er anathématisme. Si quelqu’un ne confesse pas que la nature ou substance divine est une et consubstantielle en 3 personnes, le Père, le Fils et le Saint-Esprit ; qu’il soit anathème.

    2ème anathématisme. Si quelqu’un ne confesse pas dans le Verbe de Dieu deux naissances, l’une incorporelle par laquelle il est né du Père avant tous les siècles, l’autre selon laquelle il est né dans les derniers temps de la vierge Marie, Mère de Dieu ; qu’il soit anathème.

    3ème anathématisme. Si quelqu’un dit que ce n’est pas le même Christ-Dieu-Verbe, né de la femme, qui a fait des miracles et qui a souffert ; qu’il soit anathème.

    4ème anathématisme. Si quelqu’un ne confesse pas que la chair a été substantiellement unie à Dieu le Verbe et qu’elle était animée par une âme raisonnable et intellectuelle ; qu’il soit anathème.

    5ème anathématisme. Si quelqu’un dit qu’il y a deux substances ou deux personnes en Notre-Seigneur Jésus-Christ, et qu’il ne faut en adorer qu’une seule, comme l’ont écrit follement Théodore et Nestorius ; qu’il soit anathème.

    6ème anathématisme. Si quelqu’un ne confesse pas que la sainte Vierge est véritablement et réellement Mère de Dieu, qu’il soit anathème.

    7ème anathématisme. Si quelqu’un ne veut pas reconnaître que les deux natures ont été unies en Jésus-Christ, sans diminution, sans confusion, mais que par ces deux natures il entende deux personnes ; qu’il soit anathème. 8ème anathématisme. Si quelqu’un ne confesse pas que les deux natures ont été unies en Jésus-Christ en une seule personne ; qu’il soit anathème.

    9ème anathématisme. Si quelqu’un dit que nous devons adorer Jésus-Christ en deux natures, ce qui serait introduire deux adorations que l’on rendrait séparément à Dieu le Verbe et séparément aussi à l’homme ; et qu’il n’adore pas par une seule adoration le Verbe de Dieu incarné avec sa propre chair, ainsi que l’Église l’a appris dès le commencement par tradition ; qu’il soit anathème.

    10ème anathématisme. Si quelqu’un nie que Notre-Seigneur Jésus-Christ, qui a été crucifié dans sa chair, soit vrai Dieu, Seigneur de gloire, l’un de la Trinité ; qu’il soit anathème.

    11ème anathématisme. Si quelqu’un n’anathématise pas Arius, Eunomius, Macedonius, Apollinaire, Nestorius, Eutychès, Origène, avec tous leurs écrits impies ; qu’il soit anathème.

    12ème anathématisme. Si quelqu’un défend l’impie Théodore de Mopsueste ; qu’il soit anathème.

    13ème anathématisme. Si quelqu’un défend les écrits impies de Théodoret, qu’il soit anathème.

    14ème anathématisme. Si quelqu’un défend la lettre que l’on dit avoir été écrite par Ibas à Maris ; qu’il soit anathème.

    Malade, isolé, le pape cède et donne son adhésion à cette condamnation par sa lettre du 8 décembre adressée au patriarche Eutychius.

    Le 23 février 554, dans une nouvelle constitution, Vigile rapporte d’abord la définition de foi du concile de Chalcédoine et la lettre de saint Léon à Flavien ; mais, après avoir soigneusement exposé les erreurs des trois chapitres, il prononce anathème contre Théodore de Mopsueste et ses écrits et condamne les écrits de Théodoret contre saint Cyrille et la lettre à Maris.

    Le concile de Constantinople II a consacré la puissance impériale dans le domaine de la foi et réduit l’autorité du pape.

    1.6 Concile de Constantinople III  


    Le troisième concile de Constantinople, sixième concile œcuménique, dit « in Trullo » car tenu dans la salle de la Coupole (en grec trullos) et réuni par Constantin IV Pogonat (avec le plein accord du pape Agathon), se tient du 7 novembre 680 au 16 septembre 681.

    Il confirme celui de Chalcédoine (451), condamne la doctrine monophysite ainsi que la doctrine monothélite de l’empereur Héraclius Ier (le Christ a 2 natures mais une seule volonté) et à laquelle le pape Honorius Ier avait donné son accord. Le concile affirme la double volonté dans la personne du Christ (le Christ possède une volonté divine et une volonté humaine). Macaire d’Antioche, convaincu d’avoir corrompu la doctrine des Pères, est déclaré déchu de toute dignité et fonction sacerdotale. Étienne, disciple de Macaire, persévérant dans l’erreur de son maître, est chassé de l’assemblée.

    Le concile condamne Sergius, Cyrus d’Alexandrie, Pyrrhus, Paul, Pierre, Théodore de Pharan, Macaire d’Antioche et Etienne son disciple, tous infectés des erreurs des monothélites, mais encore le pape Honorius, disant avoir trouvé dans sa lettre à Sergius, qu’il suivait en tout son erreur et qu’il autorisait sa doctrine impie.

    Le concile « dit anathème au discours de Mennas à Vigile, à ceux de Vigile à Justinien et à Théodora, à quiconque les avait fabriqués ou écrits, à tous ceux qui avaient falsifié les actes du cinquième concile (deuxième concile de Constantinople), enfin à ceux qui ont enseigné, qui enseignent ou enseigneront une seule volonté et une seule opération en Jésus-Christ. »

    Polychrone, prêtre et moine, accusé de soutenir les erreurs de Macaire, est dépouillé de tout rang et de toute fonction sacerdotale et anathématisé. Constantin, prêtre de l’église d’Apamée, métropole de la seconde Syrie, « avoue que Jésus-Christ avait eu une volonté humaine naturelle depuis sa naissance jusqu’à la croix, mais il soutient que depuis sa résurrection il n’en avait plus, et que s’étant alors dépouillé de sa chair mortelle et de toutes les faiblesses, il avait quitté sa volonté humaine avec la chair et le sang. Il ajoute qu’il a appris cette doctrine de Macaire d’Antioche. Le concile, ne pouvant lui persuader de changer de sentiment, lui dit anathème et à ses dogmes, et le fait chasser de l’assemblée ».

    Le futur pape Jean V, délégué au concile par Agathon, remplit un rôle remarquable qui le rend illustre en tant que penseur et théologien.

    Le pape Agathon étant mort le 10 janvier 682, avant le retour de ses légats en juillet, c’est son successeur, le pape Léon II, qui ratifie les décrets conciliaires. Il anathématise tous ceux que le concile a anathématisés, nommément « Honorius, qui, au lieu de purifier l’Église apostolique par la doctrine des apôtres, avait pensé renverser la foi par une trahison profane ». Macaire, Étienne, Polychrone et Epiphane, renvoyés au jugement du pape par l’empereur, sont enfermés dans divers monastères, parce qu’ils ne veulent point abjurer leurs erreurs.

    1.7 Second concile in Trullo  


    Convoqué en 692 par l’empereur Justinien II, il complète, pour les divers aspects de la discipline ecclésiastique, la législation des Ve et VIe conciles, d’où son autre nom de concile quinisexte (cinquième/sixième).

    Parmi les 200 canons disciplinaires élaborés, 2 ensembles de dispositions sont particulièrement importants.

    L’un confirme, contre les coutumes qui s’imposent peu à peu en Occident, l’existence d’un clergé marié (Canon 13 : « Le clerc qui, sous prétexte de religion, abandonne sa femme sera excommunié. »).

    L’autre, concernant l’art sacré, souligne la « vénération de la Croix », et surtout demande que le Christ soit représenté « sous son aspect humain glorifié », et non par des symboles comme l’Agneau (Canon 82) ; c’est là une étape importante dans l’élaboration de l’art de l’icône.

    Enfin, le 28ème canon du concile de Chalcédoine, qui donne au siège de Constantinople le 2ème rang dans l’Église, est confirmé.

    Le pape Serge refuse de ratifier ces décisions : Justinien II menace de le faire arrêter.

    L’Orient chrétien considère ce concile comme un concile œcuménique ou plutôt comme le complément des 2 conciles œcuméniques précédents. Certains papes, tels Adrien Ier, Jean VIII et même Innocent III, font de même, ainsi que lème canoniste Gratien, tout en réservant les caractères propres de la discipline orientale.

    1.8 Concile de Nicée II  


    Le deuxième concile de Nicée, septième concile œcuménique, organisé par la régente Irène (au nom de son fils Constantin et au sien) et le patriarche de Constantinople Tarasios, se déroule du 24 septembre au 23 octobre 787 et réunit 377 évêques. C’est le dernier concile considéré comme œcuménique par les orthodoxes.

    Les deux légats du pape, Pierre, archiprêtre de l’Église romaine, et Pierre, prêtre et abbé du monastère de Saint-Sabas de Rome, sont nommés les premiers dans les actes du concile, comme représentant le pape Adrien.

    Le concile reconnaît la légitimité du culte des images. On lit un passage de la lettre du pape Adrien à Constantin et à Irène, dans lequel l’évêque de Rome établit le culte des images, prétendant que l’Église romaine l’a reçu par tradition de saint Pierre...

    L’iconoclasme est condamné comme hérésie. « Les iconoclastes n’ont fait qu’imiter les Juifs, les Sarrasins, les païens, les manichéens, et quelques autres hérétiques » (5ème session).

    Le décret touchant les images est conçu en ces termes : « Ayant employé tout le soin et l’exactitude possible, nous décidons que les saintes images, soit de couleur, soit de pièces de rapport, ou de quelque autre matière convenable, doivent être exposées, comme la figure de la croix de Notre-Seigneur Jésus-Christ, tant dans les églises, sur les vases et les habits sacrés, sur les murailles et les planches, que dans les maisons et dans les chemins : c’est à savoir l’image de Jésus-Christ, de sa sainte mère, des anges et de tous les saints ; car plus on les voit souvent dans leurs images, plus ceux qui les regardent sont excités au souvenir et à l’affection des originaux. On doit rendre à ces images le salut et l’adoration d’honneur, non la véritable latrie que demande notre foi, et qui ne convient qu’à la nature divine. Mais on approchera de ces images l’encens et le luminaire, comme on en use à l’égard de la croix, des Évangiles et des autres choses sacrées ; le tout suivant la pieuse coutume des anciens : car l’honneur de l’image passe à l’original ; et celui qui adore l’image adore le sujet qu’elle représente. Telle est la doctrine des saints Pères, et la tradition de l’Église catholique, répandue partout. Nous suivons ainsi le précepte de saint Paul, en retenant les traditions que nous avons reçues. Ceux donc qui osent penser ou enseigner autrement ; qui abolissent, comme les hérétiques, les traditions de l’Église ; qui introduisent des nouveautés, qui ôtent quelque chose de ce que l’on conserve dans l’église, l’Évangile, la croix, les images, ou les reliques des saints martyrs ; qui profanent les vases sacrés, ou les vénérables monastères : nous ordonnons qu’ils soient déposés, s’ils sont évêques ou clercs ; et excommuniés, s’ils sont moines ou laïques. » (7ème session)

    Le concile affirme la présence réelle du Christ dans l’eucharistie : « Il est évident que le Seigneur, ni les apôtres, ni les Pères n’ont jamais parlé de figure ; mais ils ont dit que l’eucharistie contient le corps même et le sang de Jésus-Christ ».

    « Vu que certains sectateurs de la religion juive dans leur erreur ont imaginé de se moquer du Christ notre Dieu, feignant d’être chrétiens et reniant le Christ en secret, en gardant en cachette le sabbat et accomplissant d’autres rites de la religion juive : nous ordonnons qu’on n’admette de telles gens ni à la communion, ni aux offices, ni à l’Église, mais qu’ils restent juifs selon leur propre religion, et qu’ils ne fassent point baptiser leur enfant, ni n’achètent ou possèdent un esclave. Si cependant quelqu’un d’entre eux se convertit d’une foi sincère et confesse le christianisme de tout cœur, dévoilant publiquement leurs coutumes et leurs rites, au point de reprendre et corriger d’autres personnes, celui-là qu’on le reçoive et qu’on baptise lui et ses enfants et qu’on s’assure qu’ils ont renoncé aux manières de vivre juives; s’il n’en est pas ainsi, qu’on ne les reçoive point. » (8ème canon)

    « Tous ces hochets enfantins et transports de furie bachique, que sont les pseudo-traités écrits contre les vénérables images, doivent être remis à l’évêché de Constantinople, pour qu’ils soient déposés avec le reste des livres hérétiques. S’il s’en trouve quelqu’un qui les garde en les cachant, si c’est un évêque ou un prêtre ou un diacre, qu’il soit déposé ; si c’est un laïc ou un moine, qu’il soit excommunié. » (9ème canon)

    « Défense aux femmes, soit libres, soit esclaves, d’habiter dans les maisons épiscopales ou dans les monastères. » (18ème canon)

    Le patriarche Tarasios écrit au pape Adrien pour lui rendre compte de ce qui s’est passé au concile : le pape Adrien approuve et confirme.

    Les évêques des Gaules refusent cependant d’accepter ce concile, parce que les évêques d’Occident n’y ont pas pris part puisqu’ils n’y ont pas même été invités (il ne s’y est trouvé d’occidentaux que les légats du pape) et parce que l’usage des Gaules est, il est vrai, d’avoir des images, mais non de leur rendre un culte. Charlemagne donne commission à quelques-uns d’entre eux de faire un recueil de ce que les saints Pères ont dit sur ce sujet. Cette compilation parait en 790, divisée en quatre livres appelés Livres Carolins. Deux ans après, Charlemagne l’adresse au pape Adrien en le priant de répondre aux questions soulevées par les évêques des Gaules. Le pape y répond article par article et montre que les Pères de Nicée ne se sont pas écartés de l’ancienne tradition de l’Église romaine ; mais ses réponses ne font point changer de sentiment aux Églises de France dont les évêques feront prendre un décret tout contraire à celui de Nicée sur le culte des images, par le concile de Francfort, en 794.

    1.9 Concile de Constantinople IV  


    Le quatrième concile de Constantinople, huitième concile œcuménique, appelé « synode ignatien » du nom de son président (Ignace, patriarche de Constantinople), convoqué par l’empereur Basile Ier, se déroule du 5 octobre 869 au 28 février 870.

    Photios est amené malgré lui le 19 octobre. Il lui est reproché d’avoir chassé le patriarche Ignace pour usurper sa place et d’être l’adversaire du filioque : « Credo in Spiritum Sanctum qui ex patre filioque procedit » : Je crois en l’Esprit Saint qui procède du Père et du Fils. Photios affirme que le filioque compromet la « monarchie » du Père : ou bien la Trinité a deux principes, le Père et le Fils, ou bien, pour la spiration de l’Esprit, le Père et le Fils se confondent dans la nature commune (Encyclique aux Patriarches orientaux, 867). Photios précise que l’Esprit a son ekporèse « du Père seul » (Mystagogie du Saint-Esprit). Photios, qui refuse d’abjurer, est anathématisé. On brûle un plein sac de promesses qu’il avait exigées du clergé et des laïques de toutes conditions ; les livres qu’il avait fabriqués contre le pape Nicolas, et les actes de ses conciles contre le patriarche Ignace.

    « Photios n’ayant jamais été évêque, toutes les ordinations qu’il a faites seront censées nulles ; et l’on consacrera de nouveau les églises qu’il a consacrées. » (4ème canon)

    « Anathème à Photios, pour avoir supposé de faux légats d’Orient et de faux actes contre le pape Nicolas, et à tous ceux qui à l’avenir useront de pareilles supercheries. » (6ème canon)

    « Anathème à quiconque soutient qu’il y a deux âmes dans l’homme. » (11ème canon)

    « Le concile dépose, sans espérance de restitution, les évêques, les prêtres, les diacres et les autres clercs ordonnés par Méthodius ou par Ignace, qui demeurent obstinés dans le parti de Photios. » (25ème canon)

    Le concile dit encore anathème à Arius, à Macedonius, à Sabellius, à Nestorius, à Eutychès, à Dioscore, à Origène, à Théodore de Mopsueste, à Didyme, à Evagre, à Sergius, à Honorius, à Cyrus d’Alexandrie et aux iconoclastes. On reçoit ensuite les sept conciles généraux, et on y joint celui-ci, comme faisant le huitième ; puis on confirme la sentence portée contre Photios par les papes Nicolas et Adrien. En 877, le pape Jean VIII acceptera la réinstallation de Photios.

    De novembre 879 au 13 mars 880, se tient un contre-concile, ou « synode photien », appelé concile d’union par les orthodoxes, qui casse la décision du « synode ignatien », condamne toute addition au symbole de Nicée (et par là-même la mention du filioque : l’Esprit Saint procède seulement du Père et non du Fils) et réhabilite Photios.

    Ni l’un ni l’autre de ces deux conciles n’est compté parmi les conciles œcuméniques par les Églises orthodoxes.

    1.10 Premier concile du Latran  


    De mars à avril 1123, se déroule le premier concile du Latran (Latran I), neuvième concile œcuménique et premier grand concile œcuménique en Occident, assemblé par le pape Calixte II. A partir de ce concile, c’est le pape qui convoque les conciles et qui les préside, éventuellement par l’intermédiaire d’un légat. 300 évêques et 600 abbés (dont l’abbé Suger) y participent et adoptent 22 canons.

    Le concile ratifie le concordat de Worms de 1122 qui régla la querelle des investitures et s’efforce de lutter contre la simonie (trafic des fonctions ecclésiastiques et des actes du culte), contre le nicolaïsme (mariage et concubinage des prêtres) et contre l’inféodation (aliénation de biens d’Église à une autorité) et l’infraction de la trêve de Dieu. Les évêques sont élus par le clergé et non plus investis par les pouvoirs laïcs.

    Le concile décide l’envoi de secours aux chrétiens d’Asie.

    Sont déclarées nulles toutes les ordinations faites par l’hérésiarque Bourdin (antipape Grégoire VIII), depuis sa condamnation par l’Église romaine, et celles qui ont été faites par les évêques qu’il a ordonnés en suite de son schisme. (Canon 6)

    L’Église romaine prend sous sa protection les familles et les biens de ceux qui vont à Jérusalem secourir les chrétiens contre les infidèles, leur accorde la rémission de leurs péchés, et ordonne sous peine d’excommunication à ceux qui après s’être croisés avaient quitté la croix, de la reprendre dans l’année. (Canon 11)

    On séparera de la communion ou société des fidèles les fabricateurs de fausse monnaie, et ceux qui en débiteront. (Canon 15)

    Défense aux abbés et aux moines de donner des pénitences publiques, de visiter les malades, de faire les onctions et de chanter des messes publiques. Ils recevront des évêques diocésains les saintes huiles, la consécration des autels et l’ordination des clercs. (Canon 17)

    1.11 Deuxième concile du Latran  


    Le deuxième concile du Latran (Latran II), dixième concile œcuménique, ouvert le 8 avril 1139 et réuni par le pape Innocent II, rassemble 1 000 participants.

    Le concile casse tout ce que Pierre de Léon, l’antipape Anaclet II, a fait. Il déclare nulles toutes ses ordinations, de même que celles de Girard, évêque d’Angoulême, fauteur du schisme. Il excommunie Roger II, comte de Sicile, pour avoir reçu le titre de roi de l’antipape Anaclet, et avoir pris son parti.

    Il condamne la simonie, l’usure et les erreurs de Pierre de Bruis, d’Abélard et de son disciple Arnaud de Brescia. La sentence, datée du 17 août, est adressée aux archevêques de Sens et de Reims : « Par le présent écrit, nous mandons à votre fraternité de faire enfermer séparément dans des clôtures, où bon vous semblera, Pierre Abélard et Arnaud de Brescia [...] et de détruire par le feu les livres de leur erreur, partout où on les trouvera. » Le concile affirme que « Rome est à la tête du monde ».

    Il s’efforce de ramener les cisterciens et les autres ordres privilégiés dans le droit commun (paiement de la dîme) sans obtenir de résultat décisif.

    Il prescrit qu’il appartient aux évêques de rechercher les hérétiques, aux juges séculiers de les punir, aux rois et aux princes de prêter, sous peine de déchéance, leur concours à cette répression.

    Il interdit d’employer l’arbalète dans les combats sous peine d’anathème.

    Les 1er et 2ème canons privent de leurs dignités et de leurs bénéfices ceux qui ont été ordonnés par simonie, et ceux qui ont acheté ou vendu quelque bénéfice. 
    Le 7ème défend d’entendre les messes des prêtres mariés ou concubinaires. Il déclare nuls les mariages des prêtres, des chanoines réguliers, des moines, et ordonne qu’on mette en pénitence ceux qui les auront contractés. Il réaffirme ainsi l’obligation du célibat pour les prêtres.

    Le 14ème défend les combats militaires qui se faisaient dans les foires, et ordonne que les gladiateurs qui seront blessés dans ces combats soient privés de la sépulture ecclésiastique, quoiqu’on ne doive pas leur refuser la pénitence et le viatique. Le 26ème défend, sous peine d’anathème, à certaines prétendues religieuses de continuer leur genre de vie. C’étaient des femmes qui, sans observer ni la règle de Saint-Basile, ni celles de Saint-Benoît ou de Saint-Augustin, voulaient passer pour religieuses et demeuraient dans des maisons particulières, où, sous prétexte d’hospitalité, elles recevaient des personnes de mauvaise réputation.

    Le 27ème défend aux religieuses d’aller chanter dans un même chœur avec des chanoines ou avec des moines.

    1.12 Troisième concile du Latran  


    Le troisième concile du Latran (Latran III), onzième concile œcuménique, réuni et présidé par le pape Alexandre III réconcilié avec l’empereur Frédéric, se déroule du 5 au 19 mars 1179. Les 600 participants adoptent 27 canons.

    Le concile décide que l’élection du pape se fera à la majorité des 2/3 des cardinaux (Canon 1).

    Cardinal, du latin cardinis « charnière », est le titre donné par l’Église catholique à ses membres les plus éminents qui constituent le Sacré Collège. Il existe des cardinaux prêtres, des cardinaux supérieurs des ordres monastiques, des cardinaux diacres et des cardinaux évêques. Depuis le concile de Latran III, les cardinaux élisent les nouveaux papes et gouvernent l’Église quand le trône pontifical n’est pas occupé. Les cardinaux sont, selon le Code actuel de droit canonique, « le sénat du pontife romain : ils l’assistent comme ses principaux conseillers et aides dans le gouvernement de l’Église ». (Canon 230)

    Ils sont appelés « éminences », revêtent un habit pourpre et portent un saphir au doigt.

    Le concile déclare nulles les ordinations faites par les antipapes Octavien (Victor IV), Gui de Créma (Pascal III) et Jean de Struma (Calixte III), et veut que ceux qui ont reçu d’eux des dignités ecclésiastiques ou des bénéfices, en soient privés. (Canon 2)

    Aucun ne sera élu évêque, qu’il n’ait trente ans accomplis, qu’il ne soit né en légitime mariage, et recommandable par ses mœurs et sa doctrine. (Canon 3)

    Défense de rien exiger pour l’intronisation des évêques ou des abbés, pour l’installation des autres ecclésiastiques ou la prise de possession des curés, pour les sépultures, les mariages et les autres sacrements, en sorte qu’on les refuse à ceux qui n’ont pas de quoi donner. (Canon 7)

    Sur les plaintes formées par les évêques que les nouveaux ordres militaires des templiers et des hospitaliers recevaient des églises de la main des laïques ; que dans les leurs ils instituaient et destituaient des prêtres à l’insu des évêques ; qu’ils admettaient aux sacrements les excommuniés et les interdits, et leur donnaient la sépulture ; qu’ils abusaient de la permission donnée à leurs frères envoyés pour quêter, de faire ouvrir, une fois l’an, les églises interdites, et d’y faire célébrer l’office divin, d’où plusieurs de ces quêteurs prenaient occasion d’aller eux-mêmes aux lieux interdits, et de s’associer des confrères en plusieurs de ces lieux, à qui ils communiquaient leurs privilèges ; le concile condamne tous ces abus, non seulement à l’égard des ordres militaires, mais de tous les autres religieux. (Canon 9)

    Les clercs constitués dans les ordres sacrés, qui ont chez eux des femmes notées d’incontinence, les chasseront et vivront chastement, sous peine de privation de leur bénéfice ecclésiastique et de leur office. Même peine pour le clerc qui, sans une cause manifeste et nécessaire, fréquentera les monastères des filles, après la défense de l’évêque. Un laïque coupable d’un crime contre nature sera excommunié et chassé de l’assemblée des fidèles. Si c’est un clerc, il sera ou chassé du clergé, ou enfermé dans un monastère pour y faire pénitence. (Canon 11)

    On défend, sous peine de privation de la sépulture ecclésiastique, les tournois ou foires, auxquels se trouvaient des soldats qui, pour montre de leur force et de leur bravoure, se battaient avec d’autres, au péril de leur âme et de leur corps. (Canon 20) 
    On ordonne d’observer la trêve de Dieu, qui consistait à n’attaquer personne depuis le coucher du soleil le mercredi jusqu’au lever du soleil le lundi, depuis l’Avent jusqu’à l’octave de l’Épiphanie, et depuis la Septuagésime jusqu’à l’octave de Pâques : le tout sous peine d’excommunication. (Canon 21)

    On défend aux juifs et aux sarrasins d’avoir chez eux des esclaves chrétiens sous quelque prétexte que ce soit. On permet néanmoins de recevoir en témoignage les chrétiens contre les juifs, et les juifs contre les chrétiens. On ordonne de conserver les biens aux juifs convertis, avec défense, sous peine d’excommunication, aux seigneurs et aux magistrats de leur en rien ôter. (Canon 26)

    Nous anathématisons les hérétiques nommés cathares, patarins, publicains, albigeois et autres qui enseignent publiquement leurs erreurs, et ceux qui leur donnent protection ou retraite, défendant, en cas qu’ils viennent à mourir dans leur péché, de faire des oblations pour eux, et de leur donner la sépulture entre les chrétiens.

    Le concile ordonne de dénoncer excommuniés, dans les églises, les jours de dimanches et de fêtes, les brabançons, les cottereaux, etc., qui portaient la désolation partout. Il permet même de prendre les armes contre eux, et reçoit ceux qui les attaqueront sous la protection de l’Église, comme ceux qui visitent le saint sépulcre. (Canon 27). Ces cottereaux ou routiers étaient des mercenaires dont les seigneurs se servaient pour leurs guerres particulières.

    Le concile prend acte des missions cisterciennes concernant les hérétiques albigeois et vaudois et élabore les premières procédures d’inquisition épiscopale pour lutter contre ces hérétiques.

    Il se prononce (Canons 13 et 14) contre la pratique des dîmes inféodées (dîmes intégrées aux revenus de la seigneurie).

    Il définit la suprématie spirituelle de la papauté et réserve au souverain pontife la canonisation des saints.

    1.13 Quatrième concile du Latran  


    Le quatrième concile du Latran (Latran IV), 12ème concile œcuménique, convoqué par le pape Innocent III (bulle datée du 19 avril 1213), se déroule du 11 au 30 novembre 1215. Il accueille le patriarche maronite Jérémie de Amchite (qui déclare que l’Église maronite est en communion avec l’Église de Rome), des représentants de nombreux princes laïcs et plus de 1 200 évêques et abbés.

    70 décrets ou canons, préparés par le pape, sont ratifiés, notamment :

    - profession de foi qui contient pour la première fois la définition de la transsubstantiation dans l’Eucharistie : « Il n’y a qu’une seule Église universelle des fidèles, hors de laquelle nul n’est absolument sauvé, et dans laquelle Jésus-Christ est le prêtre et la victime, dont le corps et le sang sont véritablement dans le sacrement de l’autel sous les espèces du pain et du vin ; le pain étant transsubstantié au corps de Jésus-Christ, et le vin en son sang, par la puissance divine... » (Canon 1)

    - condamnation du livre de Joachim de Flore sur la Trinité (sa pensée n’a cependant jamais été censurée dans son ensemble) et de la doctrine d’Amaury jugée « encore plus insensée qu’hérétique » : « L’abbé Joachim prétendait qu’il suivait de cette doctrine, qu’il y avait une quaternité en Dieu, savoir les trois personnes de la Trinité et leur espèce commune ; et soutenait que l’union des personnes n’est pas propre et réelle, mais seulement similitudinaire, comme celle des croyants, dont il est dit aux Actes des apôtres, qu’ils n’avaient qu’un cœur et qu’une âme ; et comme dit Jésus-Christ dans saint Jean, en parlant des fidèles à son Père : " Je veux qu’ils soient un comme nous. " Pour nous, dit le pape, nous croyons, avec l’approbation du saint concile, et nous confessons qu’il y a une chose souveraine, qui est le Père, le Fils et le Saint-Esprit, sans qu’il y ait de quaternité en Dieu, parce que chacune de ces personnes est cette chose, c’est-à-dire la substance, l’essence ou la nature divine, qui seule est le principe de tout. Le concile déclare donc hérétiques tous ceux qui défendraient ou approuveraient la doctrine de l’abbé Joachim sur cet article. Il condamne aussi la doctrine d’Amaury qui soutenait que chaque chrétien est obligé, sous peine de privation du salut, de croire qu’il est membre vivant de Jésus-Christ. » (Canon 2)

    - anathématisation et condamnation des hérétiques cathares et des vaudois : « Le concile prononce anathème contre toutes les hérésies (...) et ordonne que les hérétiques, après avoir été condamnés, seront livrés aux puissances séculières. Il ajoute que l’on avertira ces puissances, et qu’on les contraindra, même par censures, de prêter serment en public, qu’elles chasseront de leurs terres tous les hérétiques notés par l’Église ; que, si les seigneurs temporels négligent de le faire, ils seront excommuniés par le métropolitain et les évêques de la province. » (Canon 3)

    - exhortation aux Grecs « à se réunir et à se conformer à l’Église romaine, afin qu’il n’y ait qu’un pasteur et qu’un troupeau ; et l’on défend aux Grecs, sous peine d’excommunication et de déposition, de laver les autels où les prêtres latins avaient célébré, et de rebaptiser ceux qu’ils avaient baptisés » (Canon 4)

    - interdiction de fonder de nouveaux ordres religieux (Canon 13)

    - mesures contre les clercs incontinents, ivrognes, cupides (Canons 14 à 17)

    - « Défense aux clercs de dicter ou de prononcer une sentence de mort, ni de rien faire qui ait rapport au dernier supplice ; d’exercer aucune partie de la chirurgie où il faille employer le fer ou le feu ; de donner la bénédiction pour l’épreuve de l’eau chaude ou froide, ou du fer chaud. » (Canon 18)

    - obligation pour tous les fidèles de se confesser et de communier au moins une fois par an. (Canon 21 : Omnis Utriusque Sexus)

    - obligation du secret de la confession (la coutume du secret est rendue obligatoire, interdiction est faite au prêtre confesseur, mais aussi à l’interprète ou au passant ayant surpris par hasard une confession, d’en divulguer le contenu) : « Le confesseur doit aussi prendre garde de ne pas découvrir, par quelque parole ou par quelque signe, les péchés de ceux qui se confessent ; et celui qui se trouvera coupable en ce point sera déposé et enfermé dans un monastère, pour y faire pénitence le reste de ses jours. » (Canon 21)

    - interdiction aux « enfants des chanoines, surtout les bâtards », de « posséder des canonicats dans les mêmes églises où ces chanoines sont établis ». (Canon 31)

    - institution de la charge de « curé » affecté à une paroisse (cura animarum).

    - interdiction du mariage clandestin, publication des bans dans les églises et présence du prêtre obligatoire (Canon 51) ; interdiction d’épouser un parent en deçà du 4ème degré.

    - affirmation « que la dîme est due de droit divin à l’Église ; qu’elle doit se prendre sur toute la récolte, avant qu’on en ait rien levé pour les cens et les tributs ; que les terres acquises aux moines de Cîteaux, ou à d’autres, depuis la tenue de ce concile, doivent payer la dîme, soit qu’ils cultivent ces terres par eux-mêmes ou par des étrangers. » (Canons 54 et 55)

    - défense aux Juifs de pratiquer des « usures excessives envers les chrétiens, et on leur ordonne de payer la dîme et les autres oblations pour les maisons ou les héritages qu’ils ont achetés des chrétiens. » (Canon 67)

    - port d’un signe distinctif par les juifs (Canon 68), la rouelle (une étoffe jaune à l’avant et à l’arrière de leur vêtement, pour les garçons à partir de 13 ans, pour les filles à partir de 11 ans), inspirée du code d Omar : « Les juifs des deux sexes porteront quelque marque sur leurs habits qui les distinguera des chrétiens. » (les juifs paieront souvent pour ne pas avoir à porter ce signe distinctif humiliant)

    - « Défense de donner des charges publiques aux juifs et aux païens. » (Canon 69)

    - renonciation aux rites anciens des juifs par les juifs convertis à la foi chrétienne et baptisés volontairement « afin de ne pas faire un mélange du christianisme avec le judaïsme, qui ne serait propre qu’à ternir la beauté de la religion chrétienne. » (Canon 70)

    - affirmation de l’existence des Anges (voir « Les anges et les démons »)

    - appel à une nouvelle croisade vers l’Egypte. Innocent III a cherché à convaincre le sultan d’Égypte de restituer Jérusalem aux chrétiens, mais la construction d’une forteresse musulmane sur le mont Thabor, qui bloque Acre, le décide à prêcher la cinquième croisade (1217-1221). La bulle concernant la croisade est publiée le 14 décembre.

    - attribution par l’Assemblée à Simon de Montfort du pays conquis sur le vieux comte de Toulouse qu’elle « déchoit de tout droit de souveraineté » et auquel « elle n’assigne que quatre cents marcs pour son entretien ». L’épouse de ce dernier « peut librement jouir de son douaire, mais elle doit gouverner ses principautés selon l’ordre de l’Église, pour le maintien de la paix et de la foi. » Ce qui n’est pas encore conquis doit « être placé sous l’administration de personnages capables, afin de doter le jeune comte, lorsqu’il aurait atteint sa majorité, soit de la totalité de ces biens, soit d’une partie, selon son mérite ».

    - reconnaissance que le pape a le monopole de la canonisation.

    Le pape déclare aux Pères du concile : « L’instrument de mort que vous devez avoir entre les mains pour exterminer les impies, c’est l’autorité pontificale dont vous devez vous servir pour la destruction des méchants, à l’exemple du psalmiste : je mettais à mort dès le matin tous les pécheurs de la terre, afin de bannir de la ville du Seigneur tous ceux qui commettent l’iniquité. »

    1.14 Premier concile de Lyon  


    Ce treizième concile œcuménique, présidé par le pape Innocent IV, se déroule du 26 juin au 17 juillet 1245. Il déchoit l’empereur Frédéric II (+1250).

    Innocent « après en avoir soigneusement délibéré avec les cardinaux et le sacré concile, en qualité de vicaire de Jésus-Christ sur la terre, et en vertu du pouvoir de lier et de délier qu’il avait reçu dans la personne de saint Pierre » déclare « le dit prince (Frédéric II) rendu par ses péchés indigne du royaume et de l’empire, rejeté de Dieu, et déchu de tout honneur et de toute dignité », décharge « pour toujours ses sujets du serment de fidélité » et il soumet « au lien de l’excommunication, encourue par le seul fait, quiconque à l’avenir lui obéirait, et lui donnerait conseil ou secours, sous quelque sorte de titre, ou sous quelque couleur de dépendance que ce fût ».

    Le concile demande que soit défendue la Terre Sainte et le cardinal de Tusculum prêche la septième croisade.

    1.15 Deuxième concile de Lyon  


    Le deuxième concile de Lyon (Lyon II), quatorzième concile œcuménique, réunissant 1570 participants, convoqué et présidé par Grégoire X, se déroule du 7 mai au 17 juillet 1274.

    Le concile confirme l’union des Églises d’Orient et d’Occident, les « Grecs » et les Mongols sont présents au concile. On lit une lettre de l’empereur Michel VIII Paléologue reconnaissant que le Saint-Esprit procède du Père et du Fils et adressée « Au très saint et heureux, premier et souverain pontife du siège apostolique, pape universel, Père commun de tous les chrétiens, Père vénérable de notre empire, le seigneur Grégoire » et signée « Michel, fidèle empereur en Jésus-Christ, et modérateur de ses peuples, Ange Comnène Paléologue, fils spirituel de votre Sainteté. »

    31 décrets sont pris :

    - le concile déclare que « le Saint-Esprit procède du Père et du Fils, comme d’un seul principe et par une seule spiration » et condamne « ceux qui nient que le Saint-Esprit procède du Père et du Fils, et ceux qui osent avancer qu’il procède du Père et du Fils comme de deux principes. » (1er décret De la Trinité et de la foi catholique)

    - le concile ordonne que le pape sera élu par le collège des cardinaux réunis en conclave (2ème décret et bulle Ubi periculum de Grégoire X)

    - le concile adopte plusieurs décrets sur les élections des évêques et les ordinations des clercs.

    - suppression de « tous les ordres mendiants, institués depuis le concile général de Latran, sous Innocent III, en 1215, et non confirmés par le Saint-Siège » (l’ordre des Frères de la Pénitence de Jésus-Christ, ou sachets, est le premier supprimé). (23ème décret)

    - renouvellement de la constitution du concile de Latran contre l’usure. Défense « de louer des maisons ou d’en permettre l’usage aux usuriers publics ; de leur donner l’absolution et la sépulture, à moins qu’ils n’aient restitué autant qu’il est possible. » (27ème décret)

    - interdiction de la vénération des reliques récentes non encore authentifiées.

    - le concile décide d’une nouvelle croisade. Grégoire X entend y associer les Mongols de Perse, présents au concile, et l’empereur byzantin Michel Paléologue, mais les intrigues de Charles d’Anjou, les atermoiements des princes et les lenteurs de la préparation (6 ans) feront qu’elle ne partira jamais.

    Le 15 juillet, meurt en plein concile, saint Bonaventure, docteur de l’Église, qui a préparé le concile et œuvré à la réconciliation avec l’Église d’Orient. Surnommé « Doctor Seraphicus », Bonaventure a écrit : Itinéraire de l’âme vers Dieu (1259), Vie de saint François d’Assise (1263).

    1.16 Concile de Vienne  


    Le concile de Vienne, quinzième concile œcuménique, qui se tient du 16 octobre 1311 au 6 mai 1312, est assemblé par le pape Clément V (bulle de convocation Regnans in cœlis) pour quatre causes principales : l’affaire de l’ordre des Templiers qui y sera aboli (voir « Ordre du Temple »), les erreurs des Fratricelles, Bégards, Béguines ou Bizoques, le rétablissement de la discipline ecclésiastique et le secours de la Terre sainte.

    Malgré la majorité des Pères qui souhaitent défendre l’ordre du Temple et les rois et princes d’Angleterre, d’Espagne, d’Ecosse et d’Allemagne qui reconnaissent son innocence, Clément V, forcé par Philippe qui a besoin d’argent pour mener la guerre en Flandres (le 20 mars 1312, le roi menace d’entrer dans Vienne avec son armée), abolit l’ordre des chevaliers de la milice du Temple (bulle Vox in excelso, datée du 22 mars 1312 et communiquée au concile à la séance du 3 avril) :

    « Considérant enfin que, pour de moindres motifs, l’Église romaine a aboli d’autres ordres célèbres, nous abolissons, non sans amertume et douleur intimes, non pas en vertu d’une sentence judiciaire, mais par manière de décision ou ordonnance apostolitiques, le dit ordre du Temple et son état, son habit et son nom (...) en attendant le jugement définitif d’un prochain concile »

    Le pape déclare, avec l’agrément du concile, « cet institut proscrit et aboli, jusqu’au nom et à l’habit, tant parce qu’il devenait inutile (nul honnête homme ne pouvant désormais vouloir y entrer), que pour éteindre d’autres maux et prévenir les scandales ». « Ceux qu’on trouvera être innocents ou avoir mérité l’absolution, seront entretenus honnêtement suivant leur condition sur les revenus de l’ordre. Ceux qui auront confessé leurs erreurs seront traités avec indulgence. Pour les impénitents et les relaps, on les traitera à la rigueur. Ceux qui après la question même ont persisté à nier qu’ils soient coupables, seront mis à part ou logés séparément, ou dans les maisons de l’ordre, ou dans des monastères aux dépens de l’ordre. » Le concile cite par un acte public ceux qui sont «  en fuite ou cachés, pour se sister dans terme d’une année devant leurs évêques, afin d’être jugés par les conciles provinciaux, sous peine, s’ils différaient à comparaître, d’être d’abord excommuniés, puis, au delà du terme prescrit, d’être regardés et traités comme hérétiques. »

    Le 2 mai 1312, par la bulle Ad providam Christi vicarii, Clément V transfère les possessions foncières des Templiers (à l’exception des biens situés en Espagne et au Portugal) aux Hospitaliers de Saint Jean de Jérusalem, devenus les Chevaliers de Rhodes, contre paiement de fortes indemnités à Philippe le Bel. Le roi, dans sa lettre au pape du 24 août, dit que « les biens dont il s’agit pour la France étant sous sa garde, le droit de patronage lui appartenant, et le pape avec le concile lui ayant demandé son consentement pour cette destination, il le donne volontiers, déduction faite des sommes employées à la garde et à l’administration de ces biens. ». Le pape et le concile exceptent du transfert les biens du Temple situés dans les royaumes d’Espagne, de Castille, de Portugal, d’Aragon, de Majorque, parce que les Templiers qui s’y trouvent luttent contre les entreprises des Sarrasins et des Mores de Grenade.

    La bulle Considerantes dudum du 6 mai 1312 détermine le sort des Chevaliers : ceux ayant avoués ou ayant été déclaré innocents se verront attribuer une rente et pourront vivre dans une maison de l’ordre ; tous ceux ayant niés ou s’étant rétractés, subiront un châtiment sévère (en principe la peine de mort).

    En 2002, une copie du parchemin de Chinon (daté du 17 au 20 août 1308) qui tend à démontrer que le pape Clément V avait accordé secrètement, en 1308, son absolution au grand maître et aux chevaliers du Temple, est découvert par une chercheuse, le Dr Barbara Frale, dans les archives secrètes du Vatican. Ce parchemin a été publié au XVIIe siècle par Baluze dans son ouvrage « Vitae Paparum Avenionensis » (Vies des papes en Avignon).

    Clément V s’oppose à la tentative de Philippe le Bel de déclarer son prédécesseur Boniface VIII hérétique de manière posthume pour le seul motif qu’il lui a résisté et a voulu l’excommunier ; le concile déclare Boniface VIII « catholique ».

    Le concile condamne pêle-mêle, sous l’appellation de bégards (religieux sans hiérarchie et sans vœux), les partisans du Libre-Esprit (le terme se réfère à la fois à la liberté de nature et à l’Esprit saint, par lequel Dieu s’incarne en chacun), les apostoliques dont les dulcinistes, les Fratricelles (spirituels franciscains, partisans d’une pratique volontaire de la pauvreté) et les béguines (qui se voient contraintes de se soumettre à la règle de l’ordre franciscain pour échapper à la répression). Ces béguines ne doivent pas être confondues avec les béguines instituées par Lambert le Bègue, un siècle et demi avant le concile.

    Deux décrets, Ad nostrum et Cum de quibusdam mulieribus, formant le recueil dit des Clémentines, reprennent les principaux chefs d’accusation. L’Ad nostrum attribue aux bégards et béguines une doctrine composite où se mêlent joachimisme et Libre-Esprit.

    On retrouve ainsi les théories de Joachim de Flore dans la proposition suivante : « Ils divisent le temps compris entre la création et la fin du monde en trois époques [...], l’époque du Père, l’époque du Fils [...] et l’époque du Saint-Esprit, le temps de la liberté pour l’homme de faire ce qui lui plaît, sans que rien puisse être appelé mal. »

    Au Libre-Esprit appartiennent des affirmations telles que celles-ci : « L’homme peut acquérir dès la vie présente la plénitude de la félicité céleste, telle qu’il l’obtiendra après la mort » ; « L’homme parvenu au dernier degré de perfection ne doit plus ni jeûner ni prier, car ses sens sont alors si bien soumis à sa raison qu’il peut en toute liberté accorder à son corps tout ce qui lui plaît » ; « L’âme parfaite donne congé à toutes les vertus. ».

    Le chapitre III du titre 3 du Ve livre des Clémentines énumère les erreurs des bégards et autres apostoliques qui sont :

    § 1 que l’homme peut acquérir en cette vie un tel degré de perfection, qu’il devienne impeccable et hors d’état de croître en grâce ;
    § 2 que ceux qui sont parvenus à cette perfection ne doivent plus jeûner ni prier, parce qu’en cet état les sens sont tellement assujettis à l’esprit et à la raison, que l’homme peut librement accorder à son corps tout ce qu’il lui plaît ;
    § 3 que ceux qui sont parvenus à cet esprit de liberté ne sont plus sujets à obéir, ni tenus de pratiquer les préceptes de l’Église ;
    § 4 que l’homme peut parvenir à la béatitude finale en cette vie, et obtenir le même degré de perfection qu’il aura dans l’autre ;
    § 5 que toute créature intellectuelle est naturellement bienheureuse, et que l’âme n’a pas besoin de la lumière de gloire pour s’élever à la vision et à la jouissance de Dieu ;
    § 6 que la pratique de la vertu est pour les hommes imparfaits, mais que l’âme parfaite se dispense de les pratiquer ;
    § 7 que le simple baiser d’une femme est un péché mortel, mais que l’action de la chair avec elle n’est pas un péché ;
    § 8 que, pendant l’élévation du corps de Jésus-Christ, il n’est pas nécessaire aux parfaits de se lever, ni de lui rendre aucun respect, parce que ce serait une imperfection pour eux de descendre de la pureté et de la hauteur de leur contemplation pour penser au sacrement de l’eucharistie ou à la passion de Jésus-Christ.

    Le concile définit comme dogme de foi que l’âme rationnelle est la forme substantielle de tout corps humain. La Fête du Saint-Sacrement (Fête-Dieu), instituée par Urbain IV, est reconnue régulière par le concile qui en rend l’observation obligatoire.

    Le règlement sur les moines noirs et sur les religieuses « défend aux premiers l’abus de leurs richesses, la superfluité, la mondanité, la chasse, les voyages chez les princes : on les exhorte à la retraite, à l’étude et à la paix avec leurs supérieurs. » A l’égard des religieuses, « on leur défend d’être curieuses, de se parer, d’assister aux fêtes du monde et de sortir de leurs monastères. On veut qu’elles aient des visiteurs, sans excepter celles mêmes qui se disaient chanoinesses non-religieuses. »

    Le règlement sur les hôpitaux dit « que ceux de qui dépend la fondation et, à leur défaut, les ordinaires empêcheront que les directeurs ne détournent à leur profit les revenus destinés aux pauvres ; et qu’aucun hôpital ne sera désormais donné comme bénéfice à des clercs séculiers, sous peine de nullité, à moins que cela ne soit ainsi ordonné par le titre de la fondation ; et que, hors de ce cas, le soin des hôpitaux sera mis entre les mains de personnes sages, intelligentes, sensibles aux misères des pauvres, et capables de se comporter en vrais tuteurs, obligées au reste à prêter serment, à faire leur inventaire et à rendre des comptes annuels aux ordinaires. »

    Les règlements sur le clergé défendent « de pratiquer des métiers ou de vaquer à des commerces peu convenables aux clercs même mariés » et « de porter des habits de couleur ou indécents ». L’âge nécessaire pour les ordres est de 18 ans pour le sous-diaconat, 20 pour le diaconat et 25 pour la prêtrise. Clément V condamne comme coupables d’hérésie « ceux qui assureraient avec opiniâtreté que l’usure n’est point péché ».

    Le premier chapitre du titre 9 du livre V des Clémentines « enjoint aux ordinaires d’avertir les juges de ne pas refuser les sacrements de pénitence et d’eucharistie aux coupables condamnés à mort, et même de les contraindre, s’il le faut, par les censures, à les accorder. »

    Les constitutions Multorum querela et Nolentes exigent la collaboration des inquisiteurs et des évêques pour tous les actes importants de la procédure ainsi que pour la mise à la torture, la promulgation des sentences et la gestion des prisons. En cas de mort du pape, les cardinaux n’ont pas sa juridiction mais ils peuvent pourvoir aux charges de camérier et de pénitencier. La clémentine Inter sollicitudines ordonne, à la sollicitation du célèbre Raimond Lulle, « qu’on enseigne publiquement les langues orientales ; qu’on établisse deux maîtres pour l’hébreu, deux pour l’arabe, et autant pour le chaldéen ; et cela à Bologne, à Paris, à Salamanque, à Oxford et dans les lieux où résiderait la cour romaine. »

    Les décrets, ratifiés par les rois de France, d’Angleterre et d’Aragon présents au concile, ne sont pas publiés immédiatement. C’est seulement sous Jean XXII qu’ils parviendront à la connaissance des évêques, généralisant la répression. Les Clémentines serviront dès lors de guide aux inquisiteurs dans l’interrogatoire de tout suspect de bégardisme.

    1.17 Concile de Constance  


    Le concile de Constance, seizième concile général ou œcuménique, convoqué par Jean XXIII, en 1413, de concert avec l’empereur Sigismond de Luxembourg, pour l’extirpation du schisme et la réunion des fidèles sous un seul et même pasteur, la réforme de l’Église dans son chef et dans ses membres, et la confirmation de la foi contre les erreurs de Wyclif, de Jan Hus et de son disciple Jérôme de Prague, se déroule du 5 novembre 1414 au 22 avril 1418 avec la participation de 3 patriarches, 22 cardinaux, 20 archevêques, 92 évêques, 120 abbés, 1800 prêtres et 1600 nobles et chevaliers Gerson, chancelier de l’Université de Paris, de concert avec les nations, fait un discours montrant « la supériorité du concile au-dessus du pape ».

    Le concile affirme par le décret Sacrosancta qu’il tient son pouvoir directement du Christ pour la réforme de l’Église et adopte le décret Frequens instituant que l’Église sera désormais dirigée par des conciles périodiques. Jean XXIII (Pise) qui, déguisé, s’est enfui dans la nuit du 20 au 21 mars 1415, est arrêté et déposé le 29 mai 1415 (XIIe session) comme simoniaque, impudique, empoisonneur et dissipateur des biens de l’Église. Le concile déclare « toute la chrétienté dégagée de son obéissance, avec défense de l’appeler pape ou de l’élire de nouveau en cette qualité ».

    Grégoire XII (Rome) renonce à la papauté le 4 juillet 1415 (XIVe session). Le concile le nomme doyen des cardinaux et légat perpétuel dans la Marche d’Ancône.

    Benoît XIII (Avignon) qui refuse d’abdiquer est déposé le 26 juillet 1417 (XXXVIIe session).

    Le 4 mai 1415, le concile condamne à titre posthume John Wyclif, décédé le 31-12-1384, comme hérétique, et ordonne que son corps soit exhumé et brûlé. Le décret est exécuté en 1428 : ses ossements sont brûlés et jetés dans la Swift.

    Arrêté le 3 novembre 1414 bien que porteur d’un sauf-conduit de l’empereur, le réformateur tchèque Jan Hus, qui condamne le commerce des indulgences et prêche le retour à la pauvreté apostolique, refuse de se rétracter. Il est dégradé le 6 juillet 1415 au matin (XVe session) et abandonné au bras séculier qui brûle ses livres et le conduit au bûcher l’après-midi même. Un décret porte que « Les sauf-conduits, accordés à des hérétiques par des princes catholiques ne doivent porter aucun préjudice à la foi catholique ou à la juridiction ecclésiastique, ni empêcher que ceux qui les ont, ne soient examinés, jugés, punis selon que la justice le demandera, s’ils refusent de révoquer leurs erreurs, quand même ils seraient venus au lieu où ils doivent être jugés, uniquement sur la foi d’un sauf-conduit, sans quoi ils ne s’y seraient pas rendus ; et celui qui leur aura promis la sûreté, ne sera point, dans ce cas, obligé à tenir sa promesse, par quelque lien qu’il puisse s’être engagé, parce qu’il a fait tout ce qui dépendait de lui. »

    Jan Hus enseigna la théologie à Prague et critiqua les abus du clergé de son temps. Auteur de « De corpore Christi », de pure doctrine catholique, on le chassa pourtant de l’Université en 1410 puis on l’excommunia lorsqu’il s’éleva contre la décapitation de trois de ses partisans qu’il considéra et honora comme martyrs. Jan Hus poursuivit son enseignement jusqu’à son arrestation. La Bohême considère Jan Hus comme un martyr et un héros national car il fut aussi l’un des premiers écrivains de langue tchèque.

    Le 30 mai 1416, Jérôme de Prague, qui a comparu librement le 25 mai 1415, est déclaré hérétique, relaps, excommunié et anathématisé, puis livré au bras séculier qui lui fait subir le même sort que son maître Jean Hus.

    Pour lutter contre les hussites, nommés « utraquistes » parce qu’ils communient sous les deux espèces (en latin sub utraque Species), le concile décrète : « quoique dans la primitive Église ce sacrement ait été reçu par les fidèles sous les deux espèces, néanmoins, dans la suite, il n’a été reçu sous l’une et l’autre espèce que par les prêtres célébrants, et sous la seule espèce du pain pour les laïques, parce qu’on doit croire fermement et sans aucun doute, que tout le corps et le sang de Jésus-Christ est vraiment contenu sous l’espèce du pain. C’est pourquoi cette coutume introduite par l’Église doit être regardée comme une loi qu’il n’est pas permis de rejeter ou de changer à son gré, sans l’autorité de l’Église : et, dire que l’observation de cette coutume est sacrilège ou illicite, c’est tomber dans l’erreur ; et ceux qui assurent opiniâtrement le contraire doivent être chassés comme hérétiques et grièvement punis ou même livrés au bras séculier s’il était nécessaire. » (XIIIe session, 15 juin 1415)

    Le concile décrète « que le conclave, qui se tiendrait pour la prochaine élection d’un nouveau pape, serait composé de tous les cardinaux, au nombre de vingt-trois, et de trente députés, six de chaque nation : ce qui faisait en tout cinquante-trois personnes » et que, « pour rendre l’élection valide, il faudrait les deux tiers de toutes ces voix ; que les électeurs occuperaient l’hôtel de ville de Constance, qu’ils y entreraient au bout de dix jours, et observeraient du reste tous les règlements portés pour l’élection des papes » (XLe session, 20 octobre 1417). Le pape Martin V est élu le 11 novembre 1417, mettant ainsi fin au grand schisme d’Occident. Le lendemain, il est ordonné diacre, le jour suivant prêtre, et le troisième jour évêque. Il est couronné le dimanche 21 novembre.

    Le 22 février 1418, le nouveau pape publie deux bulles. La première, adressée aux évêques et aux seigneurs des divers pays où il y a des hussites, contient, outre la condamnation des quarante-cinq articles de Wyclif et des trente principales propositions de Jean Hus, le modèle de plusieurs interrogations qu’on ordonne de faire à ceux qui veulent abandonner cette hérésie. La seconde, « Pour servir de mémoire à perpétuité », rassemble tous les décrets publiés contre Wyclif, Jean Hus et Jérôme de Prague, soit par le pape Jean XXIII au concile de Rome, soit par le concile de Constance. Lors de la XLIIIe session, le 21 mars 1418, la simonie et les simoniaques sont condamnées.

    Pierre d’Ailly (1350-1420), chancelier de l’université de Paris puis confesseur de Charles VI en 1389, évêque du Puy en 1395 et 2 ans plus tard de Cambrai, cardinal en 1411, partisan de Jean XXIII, a participé au concile auquel il a proposé, en vain, une réforme de la curie romaine et a présenté son traité Exhortatio super correctione calendarii « Exhortation à la réforme du calendrier » qui ne fut pas suivi d’effet. Ses activités théologiques et religieuses ne l’empêchèrent pas de développer, dans son traité Imago Mundi, une théorie qui semble annoncer celle de Copernic.

    1.18 Concile de Bâle-Ferrare-Florence-Rome  


    Le concile de Bâle-Ferrare-Florence-Rome, dix-septième concile œcuménique, est convoqué par le pape Martin V (+ 20/02/1431) pour la réforme générale de l’Église et pour la réunion de l’Église Grecque à l’Église romaine.

    Il se déroule à Bâle du 23 juillet 1431 au 7 mai 1437, est transféré à Ferrare le 1er janvier 1438, à Florence le 16 janvier 1439 puis à Rome le 26 avril 1442 où il se termine le 7 août 1445. Des dissidents, hostiles à la suprématie pontificale, continueront à tenir concile à Bâle jusqu’en 1449 et échoueront dans leur tentative de remplacer Eugène IV par Félix V.

    Les Pères décrètent l’union avec les Grecs, les Arméniens et les Jacobites.

    1.19 Cinquième concile du Latran  


    Le cinquième concile du Latran (Latran V), dix-huitième concile œcuménique, convoqué le 18 juillet 1511 par la bulle Sacrosanctæ du pape Jules II, se déroule du 3 mai 1512 au 16 mars 1517.

    Il est assemblé pour « l’extinction du schisme, la réforme à établir dans l’Église, la paix entre les princes chrétiens et la guerre contre les Turcs »

    Les Pères condamnent le concile profrançais schismatique de Pise (1511-1512). Le pape renouvelle la bulle qui « annulait tout ce qui s’était passé à Pise et ensuite à Milan de la part des cardinaux et des autres prélats rebelles » et « qui mettait le royaume de France en interdit ».

    Les Pères édictent des peines très sévères à l’effet d’empêcher la simonie dans le futur conclave.

    A la session du 27 avril 1513, Léon X remplace Jules II mort le 21 février.

    Le concile prend un décret « contre quelques philosophes qui prétendaient que l’âme raisonnable est mortelle, et qu’il n’y en a qu’une seule dans tous les hommes, contre ce que dit Jésus-Christ dans l’Évangile, qu’on ne peut tuer l’âme, et que celui qui hait son âme en ce monde, la conserve pour la vie éternelle ; et contre ce qui a été décidé par le pape Clément V, dans le concile de Vienne, que l’âme est vraiment par elle-même et essentiellement la forme du corps humain ; qu’elle est immortelle, et multipliée suivant le nombre des corps dans lesquels elle est infuse. ».

    Trois bulles sont publiées : la première adressée aux princes chrétiens, pour « les exhorter à la paix et à l’union, et à tourner leurs armes contre les infidèles » ; la deuxième aux Bohémiens (Hussites) contenant un sauf-conduit pour les engager à venir au concile ; la troisième « pour la réformation des officiers de la cour de Rome, touchant les exactions qu’ils commettaient pour les provisions des bénéfices et autres expéditions, au delà de ce qui leur était dû. »

    Le décret Reformationes curiæ et aliorum condamnent les blasphémateurs, les concubinaires et les simoniaques à différentes peines ; il défend « aux princes séculiers, fussent-ils empereurs, rois ou reines, républiques ou potentats, de séquestrer ou de saisir, ou de détenir, sous quelque prétexte que ce soit, les biens ecclésiastiques sans la permission du pape. » ; il renouvelle les lois touchant l’exemption des personnes et des biens ecclésiastiques, et la défense d’imposer les clercs ; il ordonne de « procéder (faire un procès) contre les hérétiques, les Juifs et les relaps, refusant tout espoir de pardon à ces derniers ».

    Le pape définit, avec l’approbation du saint concile, que « les monts-de-piété (...) où l’on reçoit à titre d’indemnité une somme modérée avec le capital, sans que les monts eux-mêmes en profitent, ne présentent point d’apparence de mal, ni d’amorce au péché, ni rien qui les fasse improuver, mais qu’un tel prêt est au contraire méritoire et digne de louange, qu’il n’est nullement usuraire (...) « qu’on pourra dans la suite en ériger d’autres semblables avec l’approbation du siège apostolique ; que ce serait cependant une œuvre beaucoup plus parfaite et beaucoup plus sainte, si l’on établissait des monts-de-piété purement gratuits (...) » En somme, le concile revient sur le point de vue traditionnel selon lequel l’usure ne peut être pratiquée par des chrétiens. Approuvé par le concile, Léon X interdit l’édition de livres sans autorisation ecclésiastique : « Nous statuons et ordonnons que, dans la suite et dans les temps futurs, personne n’ose imprimer ou faire imprimer un livre quelconque dans notre ville, dans quelque cité ou diocèse que ce soit, qu’il n’ait été examiné avec soin, approuvé et signé à Rome, par notre vicaire et le maître du sacré palais, et dans les diocèses par l’évêque ou tout autre délégué par lui, et ayant la science compétente des matières traitées dans l’ouvrage, sous peine d’excommunication. »

    Le 4 mai 1515, des mesures sont prises pour une réforme intérieure de l’Église. Copernic (1473-1543) participe à la commission du concile sur la réforme du calendrier.

    Le concordat de Bologne passé entre Léon X et François Ier et qui abroge les libertés de l’Église française est approuvé par les pères. 
    Le pape abolit la pragmatique sanction de Charles VII : « avec l’approbation du saint concile, nous déclarons que la pragmatique sanction, ou plutôt corruption, n’a eu ni n’a aucune force. En outre, pour plus grande sûreté et précaution, nous la révoquons, la cassons, l’abrogeons, l’annulons, la condamnons, avec tout ce qui s’est fait en sa faveur (...) défendant, en vertu de la sainte obéissance et sous les peines et censures marquées plus bas, à tous les fidèles, laïques et clercs, etc., d’user à l’avenir de cette pragmatique, ni même de la conserver, sous peine d’excommunication majeure et de privation de tous bénéfices et fiefs ecclésiastiques. » La dernière bulle du concile ordonne une imposition des décimes et exhorte « tous les bénéficiers à permettre qu’on les levât sur leurs bénéfices, afin de les employer à la guerre contre les Turcs ». Autres affirmations du concile :

    - la soumission au pontife est nécessaire au salut ;
    - une assertion philosophique ne peut être vraie contre une vérité de foi.

    1.20 Concile de Trente  


    Le concile de Trente, dix-neuvième concile œcuménique, convoqué par Paul III le 22 mai 1542, se déroule du 13 décembre 1545 au 4 décembre 1563. C’est le concile de la réforme catholique dite « Contre-réforme » par opposition à la réforme protestante.
    Les 8 premières sessions sont tenues à Trente du 13 décembre 1545 jusqu’en 1547 ; les sessions 9 à 11 à Bologne (où le concile est transféré à cause de la peste) en 1548 ; les sessions 12 à 16 à Trente en 1551-1552 sous Jules III ; les sessions 17 à 25 à Trente en 1562-1563 sous Pie IV).

    Le concile décrète :

    - sur les livres saints en dressant le catalogue :

    Ancien Testament : « Les cinq Livres de Moïse, qui sont, la Genèse, l’Exode, le Lévitique, les Nombres, le Deutéronome ; Josué, les Juges, Ruth, les quatre Livres des Rois, les deux des Paralipomènes, le premier d’Esdras&le second, qui s’appelle Néhémias ; Tobie, Judith, Ester, Job ; le Psautier de David, qui contient cent cinquante Psaumes ; les Paraboles, l’Ecclésiaste, le Cantique des Cantiques, la Sagesse, l’Ecclésiastique, Isaïe, Hiéremie, avec Baruch, Ezéchiel, Daniel ; les douze Petits Prophètes, savoir, Osée, Joël, Amos, Abdias, Jonas, Michée, Nahum, Habachuc, Sophonias, Aggée, Zacharie, Malachie ; deux des Machabées, le premier & le second. »

    Nouveau Testament : « Les quatre Evangiles, selon Saint Matthieu, Saint Marc, Saint Luc,&Saint Jean ; les Actes des Apôtres, écrits par Saint Luc Evangéliste ; quatorze Epîtres de Saint Paul, une aux Romains, deux aux Corinthiens, une aux Galates, une aux Ephésiens, une aux Philippiens, une aux Colossiens, deux aux Thessaloniciens, deux à Timothée, une à Tite, une à Philémon,&une aux Hébreux ; deux Epîtres de l’Apôtre Saint Pierre ; trois de l’Apôtre Saint Jean ; une de l’Apôtre Saint Jacques ; une de l’Apôtre Saint Jude ;&l’Apocalypse de l’Apôtre Saint Jean. »

    « Si quelqu’un ne reçoit pas pour sacrés et canoniques, tous ces Livres entiers, avec tout ce qu’ils contiennent, tels qu’ils sont en usage dans l’Église Catholique, et tels qu’ils sont dans l’ancienne Edition Vulgate Latine, ou méprise avec connaissance et de propos délibéré les Traditions dont nous venons de parler : qu’il soit anathème. »

    Le concile « déclare et ordonne, que cette même Edition Ancienne et Vulgate, qui a déjà été approuvée dans l’Église par le long usage de tant de siècles, doit être tenue pour authentique dans les Disputes, les Prédications, les Explications et les Leçons publiques... »

    - sur le péché originel : « Si quelqu’un nie que par la grâce de nôtre Seigneur Jésus-Christ, qui est conférée dans le Baptême, l’offense du péché Originel soit remise ou soutient que tout ce qu’il y a proprement, et véritablement de péché, n’est pas ôté, mais est seulement comme rasé, ou n’est pas imputé : qu’il soit anathème ! ». Le concile affirme que la concupiscence n’est pas elle-même un péché, mais « un effet du péché ». Il déclare que, dans ce décret, « son intention n’est point de comprendre la Bienheureuse et Immaculée Vierge Marie Mère de Dieu, mais qu’il entend, qu’à ce sujet les Constitutions du Pape Sixte IV (...) soient observées, sous les peines qui y sont portées, et qu’il renouvelle. »

    - sur la justification : elle n’est pas exclusivement l’œuvre de la grâce.

    « Si quelqu’un dit que le libre arbitre de l’homme, mû et excité par Dieu, en donnant son consentement à Dieu, qui l’excite et qui l’appelle, ne coopère en rien à se préparer et à se mettre en état d’obtenir la grâce de la Justification, et qu’il ne peut refuser son consentement, s’il le veut, mais qu’il est comme quelque chose d’inanimé, sans rien faire et purement passif : qu’il soit anathème. » (Canon IV)

    « Si quelqu’un dit, que depuis le péché d’Adam, le libre arbitre de l’homme est perdu et éteint ; que c’est un être qui n’a que le nom, ou plutôt un nom sans réalité ; ou enfin, une fiction, ou vaine imagination, que le Démon a introduite dans l’Église : qu’il soit anathème. » (Canon V)

    « Si quelqu’un dit qu’il n’est pas au pouvoir de l’homme de rendre ses voies mauvaises, mais que c’est Dieu qui opère les mauvaises œuvres, aussi bien que les bonnes, non seulement en tant qu’il les permet, mais si proprement, et si véritablement par lui-même, que la trahison de Judas n’est pas moins son propre ouvrage, que la vocation de Saint Paul : qu’il soit anathème. » (Canon VI)

    Le concile refuse la théologie d’une double prédestination développée par Seripando, le grand théologien des Augustins.

    - sur les sacrements : « Si quelqu’un dit que les sacrements de la Nouvelle Loi n’ont pas été tous institués par notre Seigneur Jésus-Christ ; ou qu’il y en a plus ou moins de 7, savoir, le baptême, la confirmation, l’eucharistie, la pénitence, l’extrême-onction, l’ordre et le mariage ; ou que quelqu’un de ces 7 n’est pas proprement et véritablement un sacrement : qu’il soit anathème. » (Canon I). Les sacrements agissent ex opere operato, en vertu de Dieu lui-même, indépendamment de la foi ou de la vertu du prêtre qui les administre.

    L’Assemblée confirme le dogme de la transsubstantiation et rejette non seulement la doctrine des sacramentaires (la cène, cérémonie du souvenir) et celle de Calvin (présence réelle mais spirituelle) mais encore la consubstantiation luthérienne (le Christ est dans le pain et le vin comme le feu dans le fer rouge). Contre tous les protestants, elle déclare que la messe est bien un sacrifice par lequel le Sauveur continue d’appliquer la vertu salutaire de sa mort à la rémission des péchés.

    « Si quelqu’un nie, que le Corps et le Sang de Nostre Seigneur Jésus-Christ, avec son Ame, et la Divinité, et par conséquent Jésus-Christ tout entier, soit contenu véritablement, réellement et substantiellement au Sacrement de la Très Sainte Eucharistie ; mais dit, qu’il y est seulement comme dans un signe, ou bien en figure, ou en vertu : qu’il soit anathème. » (Canon I)

    « Si quelqu’un dit, que la substance du pain et du vin, reste au Très Saint Sacrement de l’Eucharistie, ensemble avec le Corps et le Sang de Nostre Seigneur Jésus-Christ ; et nie cette conversion admirable et singulière de toute la substance du pain au Corps, et de toute la substance du vin au Sang de Jésus-Christ ; ne restant seulement que les espèces du pain et du vin ; laquelle conversion est appelée par l’Église Catholique, du nom très propre de Transsubstantiation : qu’il soit anathème. » (Canon II)

    « Si quelqu’un nie, que dans le vénérable Sacrement de l’Eucharistie, Jésus-Christ tout entier soit contenu sous chaque espèce ; et sous chacune des parties de chaque espèce, après la séparation : qu’il soit anathème. » (Canon III)

    Le concile invite les protestants à venir débattre sur le Sacrifice de la Messe et leur accorde un sauf-conduit.

    Le 11 novembre 1563, le Concile adopte, après de longs débats sur le chapitre De reformatione matrimonii, un décret qui proclame la liberté pour les enfants de se marier sans le consentement des parents et aux termes duquel le mariage est nul s’il n’a pas lieu « in facie ecclesiae, proprio praesente parocho » (dans l’église en présence du propre curé des époux). Pour éviter la célébration de mariages entre personnes liées par des parentés spirituelles, il est fait obligation aux curés de tenir un registre où doivent être inscrits le nom des baptisés et de leurs parrains.

    - sur la vénération des saints : l’intercession des saints auprès de Dieu est possible et on peut les invoquer afin d’en obtenir des bienfaits. Le concile enjoint au clergé de veiller à ce que les enfants reçoivent au baptême le nom d’un saint qui leur servira de modèle. Il autorise la pratique de la vénération des reliques et formule des règles destinées à s’assurer de leur authenticité (de nombreuses reliques fantaisistes provenaient de Constantinople depuis le Xe siècle : prépuces de Jésus, cordon ombilical, gouttes de lait de la Vierge, bout de crèche, morceaux des pains multipliés par Jésus, poils de la barbe de Noé, etc.).

    - sur les indulgences : « La puissance de conférer les indulgences ayant été donnée à l’Église par Jésus-Christ, et la même Église ayant usé de cette puissance dès les premiers temps, le saint concile enseigne que l’usage des indulgences, très salutaire au peuple chrétien et approuvé par l’autorité des saints conciles, doit être conservé. Il frappe d’anathème tous ceux qui prétendent que les indulgences sont inutiles, ou que la puissance de les accorder n’est pas dans l’Église. »

    Le concile affirme l’existence du purgatoire (purgatorium), lieu de purification temporaire en attente du jugement dernier, en tant que « Sainte doctrine ».

    Il redéfinit le cérémonial de Noël en mentionnant la crèche bien qu’elle soit placée hors de la liturgie. Le concile condamne le duel judiciaire.

    Les pères demandent au clergé séculier, à tous les échelons, de « prêcher le saint Évangile de Jésus-Christ » : « Si quelqu’un méprise cette obligation, qu’il soit soumis à un châtiment rigoureux. ». Ils réaffirment l’autorité du Saint-Siège. La hiérarchie suspendra les clercs ne portant pas soutane, veillera à l’honnêteté de vie des hommes d’Église, punira les prêtres concubinaires, bannira du culte l’« avarice », l’« irrévérence » et la « superstition », éloignera de l’autel les prêtres « vagabonds et inconnus », ne conférera sacerdoce et charge d’âmes qu’à des ordinands éprouvés. Le cumul des bénéfices est interdit.

    Les séminaires sont institués : « Le Saint Concile ordonne, que toutes les Églises Cathédrales, Métropolitaines, et autres Supérieures à celles-ci, chacune selon la mesure de ses facultés et l’étendue de son Diocèse, seront tenues et obligées de nourrir, et élever dans la piété, et d’instruire dans la profession et discipline Ecclésiastique, un certain nombre d’enfants, de leur Ville et Diocèse, ou de leur Province, si dans le lieu il ne s’en trouve pas suffisamment, en un Collège, que l’Evêque choisira proche des Églises mêmes, ou en quelque autre endroit commode pour cela. »

    Le 24 janvier 1564, le pape Pie IV promulgue la bulle Benedictus Deus qui confirme les décrets adoptés lors du concile. Le 13 novembre, il publie la bulle Iniunctum nobis, qualifiée de Profession de foi tridentine (de Tridentum, ancien nom romain de Trente), qui résume les décrets doctrinaux du concile.

    1.21 Premier concile du Vatican  


    Le premier concile du Vatican, vingtième concile œcuménique, se déroule du 8 décembre 1869 au 18 juillet 1870. Le concile procède à l’adaptation de la législation ecclésiastique datant du concile de Trente, réfléchit au lien entre la raison et la foi et condamne le rationalisme comme le fidéisme (théorie philosophique fondée sur une pensée de Pascal spécifiant que la foi religieuse dépend du sentiment et non de la raison). Il s’efforce également de lutter contre la modernité.

    24 avril 1870 : Constitution dogmatique sur la foi catholique Dei Filius : «  Si quelqu’un dit que les sciences humaines doivent être traitées avec une telle liberté que l’on puisse tenir pour vraies leurs assertions, quand même elles seraient contraires à la doctrine révélée ; et que l’Église ne peut les proscrire ; qu’il soit anathème. »

    13 juillet 1870 : 430 voix sont en faveur du dogme de l’infaillibilité du pontife romain, 88 le repoussent, 62 émettent un vote conditionnel.

    18 juillet : nouveau vote en session publique : par 533 voix contre 2 (le reste des opposants ayant fait acte d’adhésion ou s’étant abstenu), le dogme de l’infaillibilité du pape est adopté. (des évêques opposants, dont Mgr Dupanloup, ont quitté Rome pour ne pas voter.)

    La constitution dogmatique Pastor aeternus proclame le dogme de l’infaillibilité pontificale par lequel le magistère du pape est infaillible quand il définit solennellement (ex-cathedra) une doctrine sur un sujet touchant la foi et les mœurs :

    « (...) avec l’approbation du saint concile, nous (pape) enseignons et définissons comme un dogme révélé de Dieu : le Pontife romain, lorsqu’il parle ex cathedra, c’est-à-dire lorsque, remplissant sa charge de pasteur et de docteur de tous les chrétiens, il définit, en vertu de sa suprême autorité apostolique, qu’une doctrine sur la foi ou les mœurs doit être tenue par toute l’Église, jouit, par l’assistance divine à lui promise en la personne de saint Pierre, de cette infaillibilité dont le divin Rédempteur a voulu que fût pourvue son Église, lorsqu’elle définit la doctrine sur la foi et les mœurs. Par conséquent, ces définitions du Pontife romain sont irréformables par elles-mêmes et non en vertu du consentement de l’Église. Si quelqu’un, ce qu’à Dieu ne plaise, avait la présomption de contredire notre définition, qu’il soit anathème. »

    Ce dogme, combattu comme inopportun par une minorité de prélats allemands et français, provoque le schisme des Vieux-catholiques et offre un prétexte à différents États pour rompre leurs engagements concordataires. Bismarck inaugurera bientôt sa politique de combat (Kulturkampf) contre le catholicisme pour en annihiler la force au sein du nouvel empire allemand.

    Le pape Pie IX lance un appel à l’unité aux protestants anglicans et aux évêques orientaux. Il forme le projet d’un catéchisme universel.

    1.22 Deuxième concile du Vatican  


    Le 11 octobre 1962, Jean XXIII ouvre, « non pour condamner, mais pour promouvoir et pour servir », le deuxième concile du Vatican (Vatican II), 21ème concile œcuménique, le concile du renouveau (en italien aggiornamento : mise à jour) de l’Église catholique.

    Le concile, convoqué le 25 décembre 1961, rassemble 2 349 participants de 80 nations et se déroule jusqu’au 8 décembre 1965.

    1963 :

    11 avril, encyclique Pacem in Terris pour la Paix sur la Terre « objet du profond désir de l’humanité de tous les temps ».

    8 mai, un décret du Saint-Office, qui sera promulgué par Paul VI le 5 juillet [Code de Droit Canonique, c. 1176 §3], supprime l’interdiction de funérailles religieuses à ceux qui ont demandé à être incinérés : la crémation n’est plus condamnée par l’Église catholique à condition qu’elle ne manifeste pas une mise en cause de la foi en la résurrection des corps, l’Église désapprouve la dispersion des Cendres et la conservation des urnes à domicile.

    La crémation est réglementée par la loi du 15-11-1887 instituant la liberté des funérailles et le décret du 27-4-1889 par lequel Sadi Carnot abrogea le capitulaire de Charlemagne (785) qui interdisait l’incinération des morts. La Révolution française avait essayé, sans grand succès, de relancer cette pratique. Elle ne commença à se répandre que dans la seconde moitié du XIXe siècle, sous l’action des adversaires de l’Église romaine, notamment les Libres penseurs et les Francs-maçons, agissant au sein d’associations pour la propagation de la crémation.

    Le pape Léon XIII avait décidé le 15 décembre 1886 : « Si quelqu’un a fait demande publique pour lui de la crémation et est mort sans rétracter cet acte coupable, il est défendu de lui accorder les funérailles et la sépulture ecclésiastiques ». Le Code de Droit canonique de 1917 reprit cette interdiction et précisa : « Si quelqu’un a prescrit que son corps soit livré à la crémation, il n’est pas permis d’exécuter sa volonté. Si elle est insérée dans un contrat, un testament ou un acte quelconque, elle doit être tenue pour non écrite. » (Canon 1203, 2).

    L’Église catholique autorise la crémation depuis le 8 mai 1963 (concile Vatican II) à condition qu’elle n’ait pas été choisie pour des raisons contraires à la doctrine chrétienne (la crémation « doit ne pas être désirée comme négation des dogmes chrétiens dans un esprit sectaire, par haine de la religion catholique ou de l’Église ») et qu’elle ne manifeste pas une mise en cause de la foi dans la résurrection. Le service religieux est interdit devant une urne funéraire : il doit avoir lieu avant la crémation. La décision conciliaire a été insérée dans le nouveau code de droit canonique de 1983. La crémation, admise par les protestants depuis 1898, est refusée par les juifs et les orthodoxes et non pratiquée par les musulmans. En 2004, 24% des français ont choisi l’incinération.

    3 juin, lundi de Pentecôte : mort de Jean XXIII.

    21 juin : élection de Paul VI.

    22 et 25 novembre : Vote de la Constitution sur la liturgie (Sacrosanctum concilium) et du Décret sur les moyens de communication sociale (Inter mirifica).

    4 décembre : Promulgation des deux textes précités. L’obligation de la messe dominicale s’étale sur le week-end ; la langue vernaculaire remplace le latin ; un nouveau rite remplace la traditionnelle messe de saint Pie V ; la communion sous les deux espèces du pain (que le fidèle reçoit dans la main) et du vin (bu au calice même) est autorisée ; les laïcs sont autorisés à distribuer la communion ; le terme de messe est remplacé par l’expression de « célébration eucharistique » ; l’autel est face aux fidèles ; assouplissement de la loi du jeûne eucharistique ; apparition d’ornements d’un style nouveau dit « gothique ». Le nouveau Missel romain sera publié le 3 avril 1969. Nombreux sont les prêtres qui prendront des libertés avec le nouveau rite : des églises seront « nettoyées » de leur décoration traditionnelle, la dévotion au Saint-Sacrement s’effondrera, des doutes seront émis sur les doctrines de la « présence réelle » du Christ au tabernacle et de la « transsubstantiation » du pain et du vin lors de la consécration.

    1964 :

    25 janvier : Motu proprio Sacram liturgiam prescrivant des mesures transitoires pour la réforme liturgique (« Messe de 1965 »).

    18-20 mai : Création de la Conférence épiscopale française.

    19 mai, création du Secrétariat pour les religions non-chrétiennes. Le concile décide que seuls les saints d’une importance réellement universelle seront représentés dans l’Église universelle et que la célébration des autres devait être laissée à une Église, une nation ou une communauté religieuse particulière.

    14 juin, les fidèles peuvent assister à la messe le samedi soir au lieu dimanche matin.

    6 août : Encyclique Ecclesiam suam sur l’Église.

    Octobre, les femmes sont autorisées à entrer tête nue dans les églises.

    19 novembre : Vote de la Constitution dogmatique sur l’Église (Lumen Gentium), étude et développement de la doctrine de l’Église.

    20 novembre : Vote du Décret sur les Églises orientales catholiques (Orientalium Ecclesiarum) et du Décret sur l’œcuménisme (Unitatis redintegratio).

    21 novembre : Promulgation des trois textes votés.

    1965 :

    Janvier : Publication de l’Ordo missae et des rituels de concélébration et de communion sous les deux espèces. Mai : Constitution d’un groupe de travail commun entre l’église catholique et le Conseil œcuménique des églises.

    3 septembre : Encyclique Mysterium Fidei sur la doctrine et le culte de la sainte eucharistie ; à propos de la transsubstantiation, Paul VI rappelle l’enseignement traditionnel afin de corriger les opinions de quelques théologiens catholiques modernes qui insistent plus sur la valeur de l’eucharistie pour celui qui la reçoit que sur la réalité de la présence du Christ dans le pain et le vin. 15 septembre : Institution du Synode des évêques.

    6-16 octobre : Vote du Décret sur la charge pastorale des évêques (Christus Dominus), du Décret sur la vie religieuse (Perfectae Caritatis), du Décret sur la formation des prêtres (Optatam totius), de la Déclaration sur l’éducation chrétienne (Gravissimum educationis), de la Déclaration sur les relations avec les religions non-chrétiennes (Nostra aetate) [le concile reconnaît la présence de valeurs spirituelles et morales dans les autres religions et rappelle les antécédents juifs de l’Église en condamnant les persécutions antisémites. « 5. (...) L’Église réprouve donc, en tant que contraire à l’esprit du Christ, toute discrimination ou vexation opérée envers des hommes en raison de leur race, de leur couleur, de leur classe ou de leur religion. En conséquence, le Concile, suivant les traces des saints apôtres Pierre et Paul, adjure ardemment les fidèles du Christ « d’avoir au milieu des nations une belle conduite » (1 P 2,12), si c’est possible, et de vivre en paix, pour autant qu’il dépend d’eux, avec tous les hommes, de manière à être vraiment les fils du Père qui est dans les cieux. » Le texte sur le rapport avec les Juifs est adopté par une très large majorité (1763 voix contre 250). L’Église se souvient du lien qui unit spirituellement le peuple du Nouveau Testament à la descendance d’Abraham. « Les Juifs ne sont pas responsables de la mort du Christ ». Vatican II reconnaît à « l’Ecclesia Anglicana » une place particulière parmi les Églises séparées de Rome.]

    25 octobre : L’épiscopat français autorise de nouveau des prêtres à travailler à plein temps. Ces prêtres ouvriers (mouvement créé en 1943 et condamné en 1959) peuvent être syndiqués mais non responsables syndicaux.

    29 octobre : Vote de la Constitution dogmatique sur la Révélation divine (Dei Verbum).

    10 novembre - 2 décembre : Vote du Décret sur l’apostolat des laïcs (Apostolicam actuositatem), de la Déclaration sur la liberté religieuse (Dignitatis humanae) [elle pose le principe de l’unité du genre humain, condamne le fanatisme et reconnaît la liberté religieuse (l’exercice de la religion repose sur des actes intérieurs volontaires qui ne peuvent être imposés, la dignité humaine fonde la liberté de conscience)], du Décret sur l’activité missionnaire de l’église (Ad gentes), du Décret sur le ministère et la vie des prêtres (Presbyterorum ordinis).

    6 décembre : Vote de la Constitution pastorale sur l’église dans le monde de ce temps Gaudium et spes (joie et espérance) : « l’avortement et l’infanticide sont des crimes abominables » ; par son travail et ses activités au sein des groupes sociaux, « l’homme réalise le plan de Dieu, manifesté au commencement des temps, de dominer la Terre et d’achever la Création, et il se cultive lui-même ».

    7 décembre : Levée des anathèmes entre l’Église romaine et celle de Constantinople (Paul VI et Athênagoras Ier lèvent réciproquement les excommunications de 1054) ; promulgation des textes votés lors de la session.

    8 décembre : Séance solennelle de clôture.

    Paul VI a fait retirer les questions sur la contraception et le célibat des prêtres qui divisaient les pères conciliaires.

    « Je n’ai jamais vu de concile qui ait eu une bonne fin et qui n’ait augmenté les maux plutôt que de les guérir. » (Saint Grégoire de Nazianze).

    « Le pape Alexandre II rassembla un concile à Rome et priva Henri III de l’empire et de la royauté. » (Machiavel)

    « Le concile de Nicée est resté un événement considérable dans l’histoire de l’espèce humaine. » (Chateaubriand)


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